Le dernier geste diplomatique de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest envers le Mali, le Niger et le Burkina Faso a échoué. Les trois pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) ont fermement rejeté, dimanche 22 décembre, la proposition d’une période de réflexion supplémentaire de six mois avant leur retrait définitif de l’organisation régionale. Cette décision intervient alors que la CEDEAO, par la voix du président de sa Commission, avait tenté d’aménager une « période de transition » jusqu’au 29 juillet 2025, espérant ainsi maintenir le dialogue avec ces trois nations sahéliennes.
La rupture consommée avec l’organisation régionale
La réponse des dirigeants militaires ne laisse aucune place à l’ambiguïté. Le colonel Assimi Goïta et ses homologues sahéliens voient dans cette main tendue une manœuvre orchestrée par des forces extérieures. Le communiqué commun dénonce vertement les « agendas étrangers » qui, selon eux, influenceraient les décisions de certains chefs d’État au sein de la CEDEAO. Cette position intransigeante met à mal les efforts de médiation entrepris notamment par les présidents sénégalais et togolais, qui tentaient de préserver l’unité régionale.
Le spectre français au cœur des tensions
Les accusations portées par l’AES ciblent particulièrement la France, perçue comme l’instigatrice des pressions exercées sur les trois pays. Les pouvoirs militaires, qui ont successivement expulsé l’armée française de leurs territoires respectifs, interprètent la proposition de la CEDEAO comme une tentative dissimulée de « déstabilisation« . Cette méfiance envers l’ancienne puissance coloniale traduit une redéfinition profonde des alliances stratégiques au Sahel, marquée par un rapprochement significatif avec la Russie.
L’avenir incertain des relations régionales
La coopération militaire renforcée entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso témoigne de leur volonté d’autonomie face aux menaces jihadistes. Cette alliance tripartite, désormais officiellement hostile à la CEDEAO, dessine les contours d’une nouvelle configuration géopolitique sahélienne. Le rejet catégorique du délai proposé par l’organisation ouest-africaine suggère que la fracture entre ces États et leurs voisins régionaux pourrait perdurer bien au-delà de leur retrait officiel, prévu pour janvier 2025.
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