La percée économique chinoise en Afrique constitue l’une des transformations majeures du XXIe siècle sur le continent. Depuis deux décennies, Pékin multiplie les investissements colossaux, finançant des infrastructures essentielles comme des centrales électriques, des routes et des chemins de fer. Cette stratégie, matérialisée par des prêts s’élevant à plusieurs centaines de milliards de dollars, a permis à la Chine de devenir le principal créancier de nombreux pays africains, tout en s’assurant un accès privilégié aux ressources naturelles du continent. La Zambie illustre parfaitement cette dynamique, avec une dette considérable envers Pékin qui atteint aujourd’hui 4,1 milliards de dollars.
Un transfert embarrassant qui complique les négociations
La Zambie vient de commettre une erreur financière majeure qui pourrait compromettre ses efforts de redressement économique. Le secrétaire au Trésor zambien, Felix Nkulukusa, a révélé qu’un transfert accidentel de 80 millions de dollars avait été effectué vers la Chine via la compagnie nationale d’électricité Zesco. Ces fonds provenaient d’un compte spécial destiné à collecter les revenus d’une centrale électrique construite grâce aux investissements chinois. Cette bourde survient alors même que le pays tente laborieusement de restructurer sa dette extérieure de 6,3 milliards de dollars.
Une dette qui pèse lourd sur l’économie zambienne
Premier pays africain à avoir fait défaut sur sa dette pendant la pandémie de Covid-19 en 2020, la Zambie peine à sortir de l’ornière financière. Les négociations avec ses créanciers progressent lentement, malgré la signature d’un protocole d’accord en octobre 2023 avec un comité présidé conjointement par la Chine et la France. L’absence d’accord définitif avec Pékin maintient le pays dans une situation précaire, aggravée par une inflation galopante et une croissance économique atone qui alimentent les tensions sociales.
Une solution diplomatique en suspens
Pour tenter de réparer cette erreur coûteuse, les autorités zambiennes proposent de considérer ces 80 millions de dollars comme un paiement anticipé des intérêts dus à la Chine depuis 2023. Cette proposition teste la bonne volonté de Pékin, dont la réaction pourrait soit faciliter soit entraver les négociations en cours sur la restructuration de la dette zambienne, estimée à plus de 13 milliards de dollars. Le silence actuel des autorités chinoises laisse planer le doute sur l’issue de cette situation délicate, alors que le FMI maintient une surveillance étroite des finances du pays.
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