Reckya Madougou, ancienne ministre de la Justice et figure de l’opposition béninoise, vient de boucler trois ans derrière les barreaux. Arrêtée en mars 2021, à quelques jours de la présidentielle où elle représentait le parti Les Démocrates, elle avait été condamnée à 20 ans de prison pour complicité d’actes terroristes, une décision qui continue de diviser l’opinion publique et de mobiliser la communauté internationale.
Un procès controversé
En décembre 2021, après dix mois de détention provisoire, Reckya Madougou comparaît devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET). Les débats s’étendent sur plus de 20 heures, au terme desquelles elle est déclarée coupable d’avoir financé un complot visant à assassiner des personnalités politiques et à perturber la présidentielle de 2021.
Malgré ses protestations d’innocence – « Je n’ai jamais été terroriste et je ne le serai jamais » –, la cour retient la peine requise par le procureur : 20 ans de prison. Son avocat français, Me Antoine Vey, dénonce un procès politique et demande l’annulation de la procédure. Après son départ de la salle d’audience, ses collègues béninois restent jusqu’à l’aube, espérant une issue différente. Mais le verdict est sans appel, suscitant consternation et interrogations sur l’équité du procès.
L’ONU ordonne sa libération…
En novembre 2022, le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire (GTDA/ONU) publie un avis exigeant la libération immédiate de Reckya Madougou, estimant sa détention arbitraire et sans base légale. Les experts des Nations unies demandent également des réparations pour l’opposante, tout en offrant au Bénin un délai de six mois pour se conformer à leur décision.
Malgré cette injonction, les autorités béninoises n’ont entrepris aucune action. Plus de deux ans après cet avis, Reckya Madougou reste incarcérée, et les appels internationaux à sa libération restent lettre morte. « C’est triste pour notre justice. Il n’y a aucune preuve tangible contre elle », déclarait l’un de ses avocats, Me Robert Dossou, au lendemain de sa condamnation.
Alors que Reckya Madougou achève sa troisième année de détention, son cas continue de susciter de réactions au sein de l’opinion publique nationale et internationale. (Rejoignez la famille des abonnés de la chaîne WhatsApp de La Nouvelle Tribune en cliquant sur le lien https://whatsapp.com/channel/0029VaCgIOFL2ATyQ6GSS91x)
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