Après près de deux décennies de détention sans inculpation, Mohammed abdul malik bajabu, un ressortissant kényan, a finalement été rapatrié dans son pays d’origine. Le Pentagone a officialisé son transfert le 17 décembre 2024, marquant ainsi une étape importante dans les efforts des États-Unis pour réduire la population de la prison controversée de Guantanamo Bay.
Mohammed abdul malik bajabu avait été arrêté au Kenya en 2007. Les autorités américaines le soupçonnaient d’être impliqué dans l’attentat à la bombe ayant visé un hôtel de Mombasa en novembre 2002. Cet acte terroriste, revendiqué par le groupe islamiste al-Qaïda, avait fait plusieurs victimes et marqué l’histoire de la région. Bajabu était également accusé de liens avec des réseaux islamistes opérant en Afrique de l’Est. Ces accusations, bien que graves, n’ont jamais été formellement présentées devant un tribunal, laissant le ressortissant kényan en détention provisoire pendant 17 ans.
Transféré à Guantanamo peu après son arrestation, Bajabu a rejoint les rangs des détenus de cette prison militaire américaine tristement célèbre. Établie après les attentats du 11 septembre 2001, Guantanamo Bay a souvent été critiquée par les organisations de défense des droits de l’homme pour ses pratiques de détention indéfinie sans procès. En 2021, une commission de révision avait recommandé la libération de Bajabu, estimant qu’il ne représentait plus une menace. Toutefois, il aura fallu attendre trois ans pour que cette recommandation soit suivie d’effet.
Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, avait informé le Congrès en novembre 2024 de l’intention des États-Unis de rapatrier Bajabu au Kenya. Ce transfert, fruit de négociations diplomatiques, s’inscrit dans une stratégie plus large visant à réduire progressivement la population carcérale de Guantanamo et, à terme, à fermer le centre de détention. À ce jour, 27 détenus restent incarcérés sur le site.
Les autorités américaines ont salué la coopération du Kenya dans cette affaire, soulignant l’importance des partenariats internationaux pour gérer les conséquences de ce type de détention.
La libération de Bajabu a été bien accueillie par plusieurs organisations de défense des droits humains. Elles y voient une reconnaissance tardive des injustices liées à la détention prolongée sans procès, mais appellent également à un examen approfondi des pratiques entourant Guantanamo. Amnesty International a rappelé que la prison reste un symbole de violations des droits humains et a réitéré son appel à sa fermeture définitive.
Pour Bajabu, ce retour au Kenya marque la fin d’une longue épreuve. Toutefois, son avenir reste incertain, et il est probable que sa réintégration dans la société kényane s’annonce complexe après tant d’années passées dans des conditions de détention sévères.
En toile de fond, cette affaire relance le débat sur l’existence même de Guantanamo et sur les limites du droit dans la lutte contre le terrorisme. Alors que les États-Unis continuent de réduire la population carcérale de ce site, la question demeure : comment concilier sécurité nationale et respect des principes fondamentaux de la justice ?
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