La vie politique béninoise est assez animée avec des opinions divergentes et contradictoires entre pouvoir et opposition. Alors que les uns pensent que ce qui se passe actuellement au Bénin est la meilleure chose qui puisse arriver au pays, les autres estiment que le Bénin est en net recul sur tous les plans. Au centre de ce débat entre acteurs politiques, le béninois lambda et sa situation compte parfois peu ou pas du tout. Pourtant c’est lui le cœur de toute action.
« De mes analyses profondes, géopolitiques et géostratégiques, je retiens que le président Patrice Talon est un envoyé de Dieu qui est venu sauver le Bénin du chemin de la perdition ». Déclaration de Nicaise Oladourin, expert politique, directeur de l’institut Erstb en France qui contraste gravement avec les opinions de beaucoup de béninois, acteurs politiques, membres de la société civile ou simples citoyens. Dans une récente déclaration, l’ancien président de la cour suprême du Bénin, Ousmane Batoko affirmait « personne ne respire dans le pays». Et le député Habibou Woroukoubou du parti Les Démocrates de renchérir lors de la plénière d’adoption du budget 2025 « le peuple béninois est pris au piège de la cherté de la vie, pendant que le pouvoir de la rupture n’a rien d’autre à faire, que de lui vendre l’illusion du développement qui se réduit à quelques rues asphaltées ».
Depuis l’avènement du gouvernement de la rupture en effet, c’est à cette guerre sans merci des opinions qu’on assiste. Ceux qui sont proches du pouvoir affirment partout où besoin sera, que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Ils prennent pour exemple les infrastructures réalisées et en cours de réalisation et les réformes initiées par le régime. Pendant ce temps l’opposition, une partie de la société civile et du peuple pensent qu’il faut revoir le mode de gouvernance jugée hostile à toute critique et agissant sans consensus sur la prise d’un certain nombre de décisions majeures concernant la vie du pays. Ils fondent leurs arguments sur les arrestations politiques, le chômage des jeunes, les cas de suicides récurrents, signe du malaise des populations.
Dans ce face à face tendu et surtout sans issue, il est important de se demander où se trouve l’intérêt général. Le passage en force, comme le désignent certains acteurs politiques, qui caractérise la gouvernance actuelle, n’est pas de nature à rassurer les béninois d’un heureux aboutissement. Pour exemple, depuis le vote du nouveau code électoral, nombreuses sont les voix d’acteurs de toutes catégories appelant à sa révision au regard de son caractère exclusif. Mais en dépit de ces appels, les soutiens du pouvoir trouvent des arguments pour justifier la justesse de cette loi décriée tant par des béninois que des non béninois. Et comme le disait le politologue Expédit Ologou dans une récente interview, « tout le monde regarde 2026 avec beaucoup de peur et d’inquiétude ».
La situation politique actuelle au Bénin, est telle qu’une partie du peuple peut se sentir laissée pour compte. La fracture sociale entre les élites politiques et la population en générale aggrave le sentiment d’exclusion. Le niveau de vie des dirigeants contrastent sérieusement avec celui des béninois. Les bénéfices des réformes économiques ne sont pas perçus par la majorité. Dans cette situation, il est impératif de recentrer le débat en y plaçant le peuple au cœur. C’est la seule chose qui confirmera le caractère messianique de Patrice Talon déclaré par Nicaise Oladourin. (Rejoignez la famille des abonnés de la chaîne WhatsApp de La Nouvelle Tribune en cliquant sur le lien https://whatsapp.com/channel/0029VaCgIOFL2ATyQ6GSS91x)
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