Dans la riche mosaïque culturelle du Bénin, le peuple Fon, l’un des groupes ethniques majeurs du pays, possède une tradition profondément enracinée dans la vénération des ancêtres et la transmission des héritages immatériels. Parmi ces traditions, le rôle de l’ancêtre éponyme, souvent désigné comme le Djôto, se distingue comme un élément central de l’organisation sociale et spirituelle. Pourtant, ce patrimoine ancestral tend à s’effacer face aux bouleversements socioculturels contemporains. Dans la culture fon du Bénin, le Djôto est perçu comme l’ancêtre fondateur d’un clan ou d’une lignée. Il est souvent représenté comme une figure de référence, non seulement pour son rôle historique, mais aussi pour son importance spirituelle. Chaque lignée fon a un Djôto à qui elle attribue ses origines et ses fondements. Mais au-delà de la lignée ou du clan, dans la tradition fon du Bénin, « l’arrivée d’un enfant au monde ne se résume pas à un simple événement biologique. Elle est étroitement liée à une conception spirituelle et mystique, dans laquelle l’ancêtre éponyme, appelé Djôto est un acteur central. En effet, chaque enfant qui nait est une émanation d’un ancêtre. C’est ce dernier qu’on appelle Djôto ou l’ancêtre éponyme », explique Nicolas Ahéhéhinnou, ministre à la cour royale de Cana. Lorsqu’un enfant est conçu, on considère que c’est grâce à l’intercession de cet ancêtre que l’âme de l’enfant peut traverser les mondes spirituels pour entrer dans le corps. Ainsi, chaque naissance est perçue comme un prolongement de l’histoire et des valeurs de la lignée. Être lié au Djôto ne se limite pas à une symbolique spirituelle. Cela implique également des responsabilités. L’enfant, en grandissant, est censé incarner les valeurs, les talents, et parfois même les devoirs spécifiques associés à cet ancêtre. Par exemple, il peut être appelé à perpétuer une tradition artisanale, à protéger le patrimoine familial, ou à jouer un rôle spirituel dans la communauté. Le Djôto est vu comme un guide spirituel qui veille sur sa descendance. Il n’est pas simplement une figure historique. Il est sacré et sa mémoire est perpétuée à travers des cérémonies, des récits oraux, et parfois des objets symboliques comme des autels ou des statues. Ces pratiques visent à maintenir un lien spirituel entre les vivants et leurs ancêtres, tout en renforçant l’identité culturelle collective.
Les Rituels Associés au Djôto
Lorsqu’un enfant naît en milieu fon, divers rituels sont souvent réalisés pour marquer le lien avec l’ancêtre éponyme. Peu après la naissance, la famille consulte souvent un prêtre fâ ou un devin pour déterminer quel ancêtre se manifeste à travers le nouveau-né. Ce rituel, appelé « Agbassa », révèle l’identité spirituelle de l’enfant et ses liens avec le Djôto. Après la détermination de l’ancêtre éponyme, l’attribution du nom de l’enfant est un moment hautement symbolique. Le nom peut refléter l’identité de l’ancêtre auquel il est rattaché, soulignant ainsi la continuité entre les générations mais aussi pour maintenir la gloire ou l’honneur incarnée à travers le Djôto. Viennent enfin des rituels spécifiques qui sont organisés pour présenter l’enfant à l’autel familial ou au lieu sacré dédié au Djôto. Ces cérémonies visent à établir une connexion spirituelle durable entre l’enfant et son ancêtre protecteur. C’est à cette occasion qu’on dicte à l’enfant toutes les consignes qui peuvent lui faciliter la vie en s’appuyant sur son ancêtre éponyme. (Rejoignez la famille des abonnés de la chaîne WhatsApp de La Nouvelle Tribune en cliquant sur le lien https://whatsapp.com/channel/0029VaCgIOFL2ATyQ6GSS91x)
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