Le président du groupe parlementaire ‘’Les Démocrates’’ a fait une déclaration à tribune dans l’hémicycle pour fustiger un certain nombre de choses notamment les raisons qui justifient leur comportement face à la loi de finance, gestion 2025. Une série de manquements et de navigation à vue dans la manière de conduire les affaires de la république et qui ne peuvent les motiver à soutenir un régime qui foule aux pieds les règles élémentaires de la démocratie, gage des libertés, de la liberté de presse et de la promotion des droits humains. Lire l’intégralité de cette déclaration.
DECLARATION A LA TRIBUNE DU GROUPE PARLEMENTAIRE LES DEMOCRATES
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Honorables députés à l’Assemblée Nationale,
Chers collègues ;
Dans l’histoire de notre institution parlementaire, la 8ème législature reste une parenthèse accidentelle et douloureuse. Notre belle odyssée démocratique qui en avait subi le contre-coup garde malheureusement à ce jour des séquelles qui, visiblement inhibent nos pas et nous handicapent dans la dynamique constructive dune démocratie moderne telle que rêvée par nos pères fondateurs à la Conférence des forces vives de la Nation de 1990. Il restera hélas une teigneuse tâche noire de notre parcours démocratique que la 8ème législature sétait évertuée à tristement banaliser, fragiliser, vassaliser et descendre de son piédestal l’Assemblée Nationale et par ricochet toutes les institutions de notre pays. A ce segment d’un triste passé, des noms sont liés et malheureusement ceux à qui le destin a donné une seconde chance peinent à se repentir.
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Honorables députés à l’Assemblée Nationale,
Chers collègues ;
Dans la nouvelle cordée de la reconstruction, la 9ème législature s’est légitimement vue investie de l’espoir de redorer l’image pourfendue et désacralisée de notre Parlement. A travers notre miroir intérieur en tant que députés de la mandature en cours, que chacun se regarde et fasse l’examen de sa conscience. Sommes-nous vraiment dans l’impératif de redonner aux béninois le parlement qu’ils méritent ?
En effet, au regard de l’équilibre de l’assiette institutionnelle de notre pays, le parlement est un contre-pouvoir par nature et par essence. Il n’est pas pensé pour être le prolongement pathologique d’un pouvoir exécutif.
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Honorables députés à l’Assemblée Nationale,
Chers collègues ;
C’est pour nous un honneur et un défi en tant qu’élus du peuple d’être membres de cette 9ème législature. Si l’honneur répond dune conjecture heureuse, le défi quant à lui porte la gravité de notre responsabilité devant l’histoire. C’est pourquoi, en tant que membres de cette institution, nous devons restaurer l’honorabilité et garantir la respectabilité du Parlement béninois autre fois model et école à travers le monde. Malheureusement, il est de la nature humaine que l’on guérisse de la maladie, mais non du caractère. N’est-ce-pas que la mauvaise habitude à la peau dure ? Sinon comment comprendre la gouvernance parlementaire actuelle qui patine à redonner au Parlement et aux parlementaires leurs lettres de noblesse malgré le poids de l’expérience de ses dirigeants qui semblent oublier qu’ils tiennent aujourd’hui une occasion inouïe de se racheter dans la mémoire collective pour ce qu’a été l’Assemblée monocolore ? En tout cas, il n’y aura plus jamais dans l’histoire de notre pays une Assemblée monocolore. Toute prévision diabolique qui y tiendrait verra le piégeur piégé.
Monsieur le Président, chers collègues ;
Notre cri de cœur de ce jour n’est pas celui de l’opposition parlementaire, mais un rappel à la responsabilité collégiale de tous les députés de la 9ème législature à sauver ce qui peut l’être encore, car un parlement vassalisé, clochardisé ne peut pas préserver la démocratie, un parlement affaibli ne peut pas jouer son rôle de contre-pouvoir. Le respect des droits des parlementaires est important pour garantir l’équilibre des pouvoirs. Ces principes basiques sont bafoués sous la responsabilité du président de notre institution. La mémoire collective des béninois retient que le parlement est sous ordre de l’exécutif. Comme si cela ne suffisait pas, c’est des cadres parlementaires de l’administration qui se donnent l’outrecuidance et l’indélicatesse de se jeter à bras raccourci sur les parlementaires de l’opposition pour leur faire la leçon, demander la censure de leurs propos tenus à hémicycle. Quelle horreur ? Est-il admissible qu’un prétendu porte-parole du président de l’Assemblée Nationale s’en prenne de maints moites à des élus qui ont pourtant agi suivant leurs prérogatives à l’hémicycle ? Où est l’amour entre collègues souhaité par vous ? N’est-ce pas là preuve de la haine agissante à l’encontre de l’opposition ?
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Honorables députés à l’Assemblée Nationale,
Chers collègues ;
L’indélicat porte-parole du président de lAssemblée Nationale a obtenu de ce dernier les moyens financiers et matériels de lAssemblée Nationale pour discréditer, vilipender ses collègues députés sur les réseaux sociaux et sur les télévisions. Sinon comment comprendre que monsieur le porte-parole du président qui émarge au budget de lAssemblée Nationale ne soit pas rappelé à lordre jusquà date ?
Chers collègues ;
Si dune seule voix, lensemble des députés de cet hémicycle nous ne nous insurgeons pas contre ces dérives qui prennent corps au parlement, on est en droit de se demander à qui le tour. On se rappelle que déjà une chargée de mission du même président a brayé sur les réseaux sociaux contre les propos dun autre honorable député de lopposition. Monsieur le Président, il faut que ça cesse, et tout de suite.
Monsieur le Président de lAssemblée Nationale,
Honorables députés à lAssemblée Nationale,
Chers collègues ;
Comment ne pas saisir cette tribune pour nous incliner devant la mémoire du jeune Fayçal OUOROU, énième victime de la bavure policière le mardi 19 novembre 2024 à Parakou, laissant familles et communauté en émoi ? Il faut dire maintenant stop. Trop, cest trop ! La police autrefois amis du peuple est devenue le bourreau du peuple. Quelle confiance peut-elle exister dans ces circonstances entre elle et les populations ? Quest-ce quune police a de républicain si elle se fait tueuse de la population quelle est censée protéger ?
Aujourdhui, la recrudescence de ces bavures policières nest pas fortuite. Elle pourrait bien être quelque peu la conséquence indirecte dune réforme improvisée et mal opérationnalisée. A écouter le diagnostic du ministre de lintérieur qui en conclut à une mauvaise organisation doublée dun mauvais encadrement opérationnel des éléments sur le terrain et une désignation hasardeuse des agents sans tenir compte de leurs compétences et de la spécificité des missions, on pourrait se demander à qui la faute, Monsieur le Ministre. Comme si cela ne suffisait pas le Directeur général de la police républicaine annonce à ses éléments leur formation en technique de Maitrise
Sans Arme de lAdversaire (MSAA). Quelle formation le Directeur de la police avait-il donné aux milliers de policiers chargés de notre sécurité ? On pourrait comprendre aisément à travers ses propos quils sont formés uniquement à lusage de leurs armes. Et cest après plusieurs bavures et assassinats des citoyens innocents que le DGPR, sortant de son sommeil de lion, se rappelle quil faut introduire dans le curricula des formations des policiers la Maitrise Sans Arme de lAdversaire. Sous dautres cieux, cette déclaration suffirait à faire démissionner le DGPR pour incompétence, car on ne joue pas avec la vie de ses citoyens.
Monsieur le Président de lAssemblée Nationale,
Honorables députés à lAssemblée Nationale,
Chers collègues ;
Le devoir dhonnêteté politique comme nous en avons la culture au parti LES DEMOCRATES nous amène à saluer la réaction du gouvernement dans ce dossier bien que tardive, car si les bavures passées avaient connu cette réaction, dautres ne sen seraient pas suivies. Afin que cet assassinat du jeune Fayçal sonne le glas des dérapages policiers, il urge que le gouvernement tire toutes les conséquences des défaillances de cette réforme pour remettre la police véritablement dans sa mission régalienne de gardienne de paix.
Monsieur le Président de lAssemblée Nationale,
Honorables députés à lAssemblée Nationale,
Chers collègues ;
A quand la fin des intimidations politiques dans notre pays ? Il ny a pas de jour sous la rupture où les libertés pourtant garanties à larticle 5 de notre Constitution ne soient violées. A la chaine, NDali a ajouté un nouveau maillon le dimanche 1er décembre où les militants du parti dopposition LES DEMOCRATES, ont été encerclés et brutalisés par des militaires sous les ordres dun certain commissaire, lui-même instrumentalisé par le maire de NDali. Il est inadmissible que les partis de la mouvance aient libre champ de mener leurs activités politiques en toute liberté distribuant des biens et octroyant de crédits en toute illégalité et quau même moment, un refus de sorganiser ou de se réunir soit opposé au parti de lopposition. Cest le lieu dappeler le maire de NDali qui nest pas à sa première forfaiture à rebrousser chemin. Lautorité quil incarne est éphémère. Seul le peuple quil envoie les forces de lordre molesté et dispersé a la légitimité éternelle.
Je vous remercie
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