Le Burkina Faso a franchi une nouvelle étape dans le traitement de son passé tumultueux. Lundi 30 décembre 2024, l’Assemblée législative de transition a adopté une loi accordant une grâce amnistiante aux militaires impliqués dans la tentative de coup d’État de septembre 2015 contre l’ancien président Blaise Compaoré. Cette mesure, qui vise spécifiquement les événements des 15 et 16 septembre 2015, a pour objectif d’apaiser les tensions et de tourner la page sur cette période trouble de l’histoire du pays. Pour bénéficier de cette amnistie, les intéressés devront adresser une demande au président Ibrahim Traoré. Leur dossier sera examiné au cas par cas et leur loyauté envers le pays, notamment leur engagement dans la lutte contre le terrorisme, sera évaluée.
Cette mesure, qui a été adoptée à une large majorité, vise à permettre aux anciens putschistes de réintégrer pleinement la vie civile et professionnelle. Une fois la grâce accordée, elle annule toutes les poursuites ou condamnations liées à cette tentative de coup d’État. De plus, ces événements ne figureront pas dans le parcours professionnel des intéressés. Si cette loi a été accueillie favorablement par certains, particulièrement par les autorités, elle suscite également des réactions mitigées, comme une banalisation des actes de rébellion au sein de la société civile. Patrice Sanogo, représentant des blessés lors du coup d’État manqué, s’est dit satisfait des réponses apportées par le ministre de la Justice, tout en rappelant que les victimes n’avaient toujours pas été indemnisées.
Le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), qui est la garde rapprochée de l’ancien président Blaise Compaoré, avait tenté en septembre 2015 de renverser les autorités de transition installées après la chute de Compaoré. Après deux semaines de crise, les forces loyalistes et la population ont réussi à mettre fin à leur tentative. Cet épisode a eu pour conséquence une période d’instabilité politique et sociale importante dans le pays. En 2019, les auteurs de ce putsch manqué ont été condamnés à une peine de prison allant jusqu’à 20 ans. Cette loi vise à apaiser les tensions internes et à renforcer les efforts de lutte contre le terrorisme, mais elle ne met pas fin aux attentes des victimes, qui réclament justice et réparation pour les préjudices subis.
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