Depuis plus de deux décennies, la Chine a bâti avec l’Afrique une relation commerciale intense, marquée par des investissements massifs dans les infrastructures, l’exploitation minière et l’agriculture. Cette présence chinoise a transformé le paysage économique africain, créant des opportunités nouvelles tout en soulevant des questions sur l’équilibre des échanges. L’engagement de Pékin sur le continent africain a connu une accélération notable à partir des années 2000, avec la création du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC), devenu depuis une plateforme majeure pour le développement des relations bilatérales.
Des échanges sino-africains dynamiques en 2024
L’année 2024 témoigne du dynamisme continu entre les deux partenaires. L’administration générale de la douane chinoise a publié des résultats qui confirment cette tendance : sur l’ensemble de l’année écoulée, les transactions bilatérales atteignent presque 300 milliards de dollars, marquant une croissance notable par rapport à l’année précédente. Côté chinois, les ventes vers le continent africain se sont renforcées pour dépasser 178 milliards de dollars. Les pays africains, quant à eux, ont augmenté leurs expéditions vers l’Empire du Milieu de près de 7%, atteignant 116 milliards de dollars. Cette dynamique positive a contribué à diminuer le déficit commercial du continent africain qui reste néanmoins conséquent à près de 62 milliards de dollars. Ces performances illustrent la volonté mutuelle de renforcer les partenariats économiques, même si la structure des échanges soulève encore des questions sur leur équilibre à long terme.
La hausse des matières premières masque les déséquilibres structurels
Au-delà des chiffres encourageants, l’analyse approfondie des échanges révèle une dynamique préoccupante. La croissance des exportations africaines dépend essentiellement des fluctuations des marchés mondiaux des matières premières. Le schéma traditionnel des échanges sino-africains perdure : tandis que les industries chinoises inondent le marché africain de produits finis – des smartphones aux machines industrielles en passant par les textiles – le continent africain demeure cantonné au rôle de fournisseur de ressources naturelles. Les minerais stratégiques comme le cobalt, le pétrole brut et le minerai de fer constituent toujours l’essentiel des cargaisons en partance pour les ports chinois, perpétuant ainsi un modèle commercial déséquilibré que de nombreux dirigeants africains cherchent à transformer.
Les initiatives chinoises pour rééquilibrer les échanges
Face aux demandes africaines d’un commerce plus équitable, Pékin a multiplié les gestes d’ouverture. La Chine a supprimé les droits de douane sur 98% des produits importés de 21 pays africains, incluant l’Ethiopie, la Guinée, le Mozambique, le Rwanda et le Togo. Depuis décembre 2024, cette politique s’est étendue à l’ensemble des pays les moins avancés entretenant des relations diplomatiques avec la Chine, dont 33 nations africaines.
Ces mesures répondent aux objectifs ambitieux fixés par le président Xi Jinping lors du FOCAC de Dakar en 2021 : porter les importations chinoises du continent à 100 milliards de dollars annuels dès 2022, puis à 300 milliards à l’horizon 2035. La Chine diversifie également ses approvisionnements africains en produits agricoles, important désormais des avocats, du soja, des ananas, des piments, des noix de cajou et diverses épices. Néanmoins, comme l’a souligné le président sud-africain Cyril Ramaphosa, seule une modification profonde de la structure des importations chinoises permettra d’atteindre un véritable équilibre commercial entre les deux partenaires.
Laisser un commentaire