Dette au Maghreb: un méga-remboursement provoque des remous

La Banque Centrale de Tunisie. Photo : DR

La dette souveraine des pays constitue un défi permanent pour les économies émergentes. Les États mobilisent généralement plusieurs leviers pour honorer leurs engagements : recours aux réserves de change, émission de nouvelles obligations, négociation de rééchelonnements ou sollicitation de prêts auprès d’institutions financières internationales. Cette gestion complexe implique souvent des arbitrages délicats entre stabilité financière et développement économique.

Un remboursement historique qui secoue les réserves

La Tunisie vient de franchir une étape cruciale en remboursant un emprunt d’un milliard de dollars contracté en 2015, majoré de 57,5 millions de dollars d’intérêts. Cette opération, la plus importante de son histoire sur le marché international, a provoqué une onde de choc dans les réserves nationales. En une seule journée, les avoirs en devises ont chuté de 13%, passant de 26,7 à 23,3 milliards de dinars. Cette ponction massive équivaut à quinze jours d’importations pour le pays.

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Les choix contraints d’une économie sous pression

Le gouvernement tunisien navigue dans des eaux agitées. Pour faire face à ses échéances, il a dû se tourner vers la Banque Centrale Tunisienne (BCT), une décision qui témoigne des difficultés persistantes du pays. Les secteurs exportateurs peinent à générer suffisamment de devises, tandis que l’industrie manufacturière et la filière des phosphates affrontent une conjoncture défavorable. Le contexte politique instable depuis 2010 complique davantage la relance économique.

Les défis d’un équilibre fragile

La politique d’austérité budgétaire et le contrôle des changes ont permis de contenir l’expansion de la dette extérieure tunisienne depuis 2011. Toutefois, ces mesures ont leur revers : la préférence accordée aux emprunts nationaux a asséché les liquidités disponibles pour l’investissement productif. La BCT, soucieuse de préserver les réserves, a même demandé aux banques de limiter leur distribution de dividendes. Cette prudence, si elle stabilise les finances publiques, ralentit la dynamique de croissance dans un pays où la reprise économique tarde à se matérialiser.

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