L’influence française en Afrique connaît un déclin marqué ces dernières années, tant sur le plan militaire qu’économique. Le retrait forcé des troupes françaises du Mali, du Burkina Faso et du Niger illustre une perte d’influence diplomatique significative. Cette érosion se manifeste également dans le domaine commercial, où les entreprises françaises voient leurs parts de marché diminuer face à la concurrence chinoise, turque et américaine. Le secteur de l’armement, longtemps chasse gardée française sur le continent, n’échappe pas à cette tendance, comme en témoigne le récent choix du Maroc.
Une commande qui tourne au désavantage
Le dernier revers pour l’industrie française de défense vient du Maroc, où KNDS France perd du terrain face au concurrent israélien Elbit Systems. Les Forces armées royales marocaines ont opté pour trente-six obusiers ATMOS 2000 israéliens, délaissant le fabricant français malgré une précédente commande de canons CAESAr. Cette décision fait suite à des problèmes techniques persistants sur les systèmes d’artillerie français livrés en 2022. Les dysfonctionnements, couplés à un service après-vente jugé insuffisant par Rabat, ont conduit à une situation où certains CAESAr marocains demeurent inutilisables. L’absence de geste commercial de la part de KNDS France n’a fait qu’aggraver la situation.
L’ascension d’Israël dans l’équipement militaire marocain
Le choix de l’ATMOS 2000 marque une nouvelle étape dans le rapprochement militaire entre le Maroc et Israël. Depuis les accords d’Abraham, Tel-Aviv a rapidement gravi les échelons pour devenir le troisième fournisseur d’armement du royaume chérifien, captant 11% du marché. L’obusier israélien, monté sur un châssis tchèque Tatra, offre des caractéristiques techniques séduisantes : une portée dépassant 40 kilomètres avec les obus ERFB-BB, une mobilité accrue et un système de tir automatisé performant. Ce contrat renforce une collaboration déjà substantielle, illustrée par l’acquisition récente de deux satellites d’observation Ofek auprès d’Israel Aerospace Industries, pour un montant excédant le milliard de dollars.
Une diversification stratégique qui interroge
Cette réorientation des acquisitions militaires marocaines soulève des questions sur l’avenir des relations franco-marocaines dans le domaine de la défense. Le royaume possède désormais trois modèles différents d’obusiers automoteurs de 155 mm : le CAESAr français, l’ATMOS 2000 israélien et plus de 300 M119 américains. Cette diversification représente un défi logistique certain, mais traduit une volonté de modernisation indépendante des fournisseurs traditionnels. Pour KNDS France, cet échec au Maroc n’est pas isolé. L’entreprise a déjà perdu des marchés face à Elbit Systems en Colombie, au Brésil et au Danemark, où le remplacement des CAESAr envoyés en Ukraine a généré une controverse. Ces revers successifs témoignent d’une concurrence accrue dans le secteur de l’armement, où la réputation et les relations historiques ne suffisent plus à garantir les contrats.
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