Eau au Maghreb : ce pays peine à remplir ses barrages

Photo de Prateek Srivastava sur Unsplash

Le Maghreb traverse une période critique concernant ses ressources hydriques depuis plusieurs années. La région, caractérisée par son climat semi-aride, subit les effets combinés du changement climatique, de la croissance démographique et de l’intensification des activités agricoles. Ces facteurs exercent une pression considérable sur les réserves d’eau dans des pays où la raréfaction des précipitations et l’augmentation des températures compromettent la sécurité hydrique. Les nappes phréatiques s’épuisent progressivement, tandis que la demande en eau ne cesse d’augmenter pour répondre aux besoins des populations urbaines et rurales.

Une situation hydraulique alarmante

Les dernières données de l’Observatoire national de l’agriculture (ONAGRI) révèlent une réalité préoccupante pour la Tunisie. Au 8 février 2025, les barrages du pays ne sont remplis qu’à 34,44%, totalisant 815 millions de mètres cubes d’eau. Cette statistique, bien qu’en légère amélioration par rapport aux mois antérieurs, illustre la vulnérabilité persistante du système hydraulique tunisien. Le contraste est saisissant lorsqu’on compare ces chiffres à ceux de septembre 2019, où les réservoirs atteignaient 65,5% de leur capacité, soit pratiquement le double des niveaux actuels.

Publicité

Des conséquences potentielles nécessitant une anticipation

Le faible remplissage des barrages tunisiens pourrait entraîner des répercussions majeures sur plusieurs secteurs. L’agriculture risque de voir ses rendements diminuer drastiquement, ce qui menacerait la sécurité alimentaire du pays. Pour anticiper cette situation, l’introduction de systèmes d’irrigation goutte-à-goutte et la sélection de cultures moins gourmandes en eau deviennent essentielles. La production d’eau potable pourrait connaître des perturbations, avec un risque de coupures dans certaines régions. La construction d’usines de dessalement d’eau de mer et la réhabilitation des réseaux de distribution permettraient de prévenir ces difficultés. L’industrie, autre secteur potentiellement vulnérable, devrait repenser ses processus pour réduire sa consommation d’eau, notamment par le recyclage des eaux usées industrielles et l’adoption de technologies propres.

Des efforts insuffisants face aux défis climatiques

Les récentes précipitations ont certes permis d’accroître modestement les réserves hydrauliques tunisiennes, mais cette amélioration demeure insuffisante pour contrebalancer les effets de la sécheresse prolongée qui affecte le territoire. Depuis 2020, la situation stagne dangereusement, avec des taux de remplissage des barrages n’ayant jamais dépassé 40%. Cette période marque une rupture inquiétante, symbolisée par le niveau critique de 43% enregistré en septembre 2020, annonçant le début d’une phase de stress hydrique chronique.

Des solutions urgentes pour l’avenir

La gestion des ressources hydriques en Tunisie nécessite désormais une réponse stratégique globale. Le pays doit impérativement moderniser ses infrastructures de stockage et de distribution d’eau, tout en développant des techniques agricoles économes en eau. L’adoption de technologies innovantes pour le traitement et la réutilisation des eaux usées, combinée à une sensibilisation accrue de la population aux enjeux de la conservation de l’eau, constituent des axes prioritaires. Sans ces mesures, la Tunisie risque de voir sa situation hydrique se détériorer davantage, menaçant non seulement son agriculture mais aussi sa stabilité socio-économique.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité