Puissance gazière majeure du continent africain, l’Algérie a longtemps occupé une position stratégique sur le marché mondial du gaz naturel liquéfié (GNL). Cette importance s’est particulièrement renforcée lors de la crise ukrainienne en 2022, quand les pays européens ont massivement sollicité le gaz algérien pour diversifier leurs approvisionnements face aux tensions avec la Russie. Le pays avait alors augmenté significativement ses exportations, devenant un partenaire énergétique crucial pour l’Europe en quête d’alternatives au gaz russe.
Un effondrement historique des exportations de GNL
Les statistiques de janvier 2025 révèlent une situation préoccupante pour l’industrie gazière algérienne. Les exportations de GNL ont chuté à 0,39 million de tonnes, soit le niveau le plus bas enregistré depuis plus de dix ans. Cette performance représente une diminution de moitié par rapport à décembre 2024, où les exportations atteignaient encore 0,77 million de tonnes. La comparaison avec janvier 2024 accentue ce constat alarmant, avec une régression de 63% des volumes expédiés, qui s’élevaient alors à 1,04 million de tonnes.
Les principaux clients européens se détournent du GNL algérien
Les données récentes témoignent d’un désengagement marqué des acheteurs traditionnels du GNL algérien. La Turquie, bien que maintenant sa position de premier importateur, a réduit ses achats à 0,185 million de tonnes, accusant une baisse de 43% en un mois. La France illustre plus drastiquement encore cette tendance avec une chute de 73,7% de ses importations, limitées désormais à 0,098 million de tonnes. L’Italie et la Croatie poursuivent leurs achats mais à des niveaux modestes, tandis que l’Espagne a totalement cessé ses importations depuis deux mois. Cette désaffection généralisée traduit une mutation profonde du marché, où le GNL américain et qatari gagne progressivement des parts de marché.
Une réorientation stratégique vers les gazoducs
Face à ces difficultés, l’Algérie adapte sa stratégie énergétique en privilégiant les exportations par gazoduc, une option qui offre plus de stabilité face aux fluctuations du marché du GNL. Cette approche a déjà porté ses fruits : en 2024, l’Algérie est devenue le deuxième plus important fournisseur de gaz par pipeline de l’Union européenne, avec 30,75 milliards de mètres cubes exportés, dépassant la Russie. La fin de l’accord de transit du gaz russe via l’Ukraine pourrait renforcer cette position privilégiée de l’Algérie dans l’approvisionnement européen. Cette évolution, combinée aux travaux de maintenance sur les installations de liquéfaction à Arzew, explique en partie la baisse marquée des exportations de GNL, qui ont atteint 11,62 millions de tonnes en 2024, soit une diminution de 14% par rapport à 2023.
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