Depuis le coup d’État du 5 septembre 2021, la Guinée traverse une période de transition sous l’autorité du pouvoir militaire dirigé par le colonel Mamadi Doumbouya. Après avoir renversé l’ancien président Alpha Condé, le gouvernement de transition avait promis de restaurer un régime civil et démocratique. Un chronogramme de 24 mois avait été établi en accord avec la CEDEAO, avec une échéance fixée à janvier 2025. Parmi les réformes prévues figurent l’élaboration d’un fichier électoral fiable, la refonte des institutions et l’organisation d’un référendum constitutionnel. Cependant, alors que la fin de la transition approche, l’incertitude plane sur le respect du calendrier initial. Dans son discours de nouvel an, le chef de l’État a réaffirmé son engagement à organiser des élections transparentes et inclusives en 2025, mais aucun échéancier précis n’a été avancé. De nombreuses interrogations subsistent sur la capacité des autorités à mener à bien le processus électoral dans les délais impartis.
Le porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo, lors d’un échange avec la presse le mercredi 29 janvier 2025, a semé le doute sur la possibilité de tenir toutes les élections en 2025. « Toutes les élections ne peuvent pas se faire en 2025. Je pense que c’est non, c’est impossible« , a-t-il déclaré. Il a indiqué que le processus commencerait par un référendum constitutionnel, prévu avant la fin du premier semestre. Il a insisté sur le fait qu’il serait difficile d’enchaîner directement avec l’élection présidentielle, notamment en raison des délais nécessaires pour adopter un nouveau code électoral. De plus, selon lui, les contraintes logistiques et climatiques compliquent la tenue des scrutins entre juillet et septembre. Ainsi, les élections générales pourraient être repoussées vers la fin de l’année 2025, voire au-delà, en fonction des dispositions de la future Constitution et des décisions de l’administration du territoire.
Le pouvoir en place met en avant la nécessité de garantir un processus crédible et bien structuré, mais ces retards alimentent les inquiétudes quant à la volonté réelle des autorités de céder le pouvoir à un gouvernement civil. L’opposition et plusieurs organisations de la société civile dénoncent un manque de transparence et de clarté dans le déroulement de la transition. Elles pointent du doigt l’absence d’avancées concrètes sur les réformes annoncées et craignent que le report des élections ne soit une stratégie pour prolonger la période de transition. Des manifestations ont éclaté dans le pays pour réclamer un calendrier électoral précis et des garanties sur l’organisation des scrutins. La pression s’intensifie également au niveau international, notamment de la part de la CEDEAO, qui avait déjà sanctionné la Guinée pour non-respect des engagements pris.
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