La dette allemande atteint des niveaux historiques avec un Bund à 2,8% sur 10 ans, un sommet inédit depuis la réunification de 1990. Cette hausse spectaculaire traduit les attentes des marchés face aux dépenses massives prévues pour le réarmement européen.
Le plan continental de 800 milliards d’euros, approuvé par les 27 États membres de l’UE, marque un tournant décisif dans la politique de défense européenne. L’Allemagne, sous l’impulsion du futur chancelier Friedrich Merz, joue un rôle central avec son ambitieux plan de relance de 500 milliards d’euros.
Plus symbolique encore, Berlin envisage de réviser le « frein à la dette » inscrit dans sa Constitution, abandonnant ainsi son traditionnel rigorisme budgétaire. Cette évolution radicale, motivée par l’augmentation nécessaire des dépenses militaires, provoque un emballement du marché obligataire dont les répercussions se font sentir au-delà des frontières allemandes.
La France victime collatérale de la hausse des taux
Comme souvent en matière financière, le taux allemand servant de référence sur les marchés entraîne la France dans son sillage. L’obligation française atteint désormais 3,54% sur 10 ans, son plus haut niveau récent. Selon la Banque de France, ce taux a bondi de 40 points de base (0,4%) en une seule semaine. Cette contagion s’opère sans que Paris n’ait annoncé de plan de relance spécifique, mais les investisseurs considèrent l’axe franco-allemand comme le moteur économique indissociable de la zone euro.
Cette flambée des taux complique considérablement la tâche du gouvernement Bayrou, engagé dans le redressement des finances publiques. Les 300 milliards d’euros d’emprunts prévus pour 2025 viendront alourdir une dette nationale déjà colossale de 3 000 milliards. La marge de manœuvre budgétaire se réduit dangereusement, obligeant l’exécutif à resserrer encore davantage la gestion des dépenses pour éviter de nouvelles charges fiscales aux Français, conformément à l’engagement présidentiel de ne pas augmenter les impôts.
L’effort de défense compromis par les tensions financières
Cette conjoncture financière défavorable survient au moment même où la France doit financer son effort de défense. Les dizaines de milliards nécessaires au renforcement de l’arsenal militaire français seront plus difficiles à mobiliser dans ce contexte de taux élevés. L’inquiétude grandit à Matignon et au ministère de l’Économie, d’autant que l’agence de notation Fitch doit rendre son verdict sur la solvabilité française le 14 mars.
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