Armement : le Canada va-t-il s’éloigner des USA de Trump ?

Mark Carney (Photo CNN)

Depuis plusieurs mois, les rapports entre Ottawa et Washington se sont considérablement refroidis. Les remarques de Donald Trump – président en exercice depuis janvier 2025 – sur l’éventualité que le Canada devienne le 51ᵉ État américain, ainsi que la guerre commerciale qui oppose les deux nations, ont accentué un malaise bilatéral reconnu par les responsables canadiens. Ces tensions récentes influencent désormais les décisions en matière d’armement et redéfinissent les axes de collaboration entre les deux pays.

Réévaluation stratégique de la commande F-35A

La commande de 88 chasseurs-bombardiers F-35A, finalisée en janvier 2023 pour un montant de 15 milliards de dollars, fait l’objet d’une réflexion approfondie à Ottawa. Initialement engagée sous l’ère conservatrice en 2010 avec Stephen Harper, la procédure avait été marquée par de vifs débats, notamment sous le gouvernement de Justin Trudeau qui avait exprimé ses réserves quant à l’efficacité du F-35A. Malgré ces critiques et un appel d’offres « transparent » qui avait vu le retrait de certains concurrents comme Dassault et Eurofighter, Lockheed-Martin a remporté le contrat face à Saab et Boeing, même si le projet d’acquisition de 18 F/A-18 Super Hornet fut interrompu. Aujourd’hui, le ministre de la Défense, Bill Blair, indique que des alternatives sont étudiées, en envisageant notamment des discussions avec des constructeurs proposant la possibilité d’assembler localement ces appareils. La commande des 16 premiers F-35A, déjà partiellement financée, pourrait ainsi constituer la limite d’un engagement susceptible d’évoluer au regard du contexte géopolitique.

Publicité

Conséquences et perspectives d’une diversification de l’armement

La dégradation des relations bilatérales a des répercussions qui vont au-delà du seul contrat F-35A. Le déséquilibre commercial et les déclarations controversées de Washington incitent Ottawa à repenser sa stratégie d’acquisition. Outre les chasseurs furtifs, le Canada a également passé commande de 14 avions de patrouille maritime P-8A Poseidon et de 11 drones MQ-9B SkyGuardian, tous issus de l’industrie américaine. L’éventualité de maintenir deux flottes d’appareils de combat – en cas de révision de la commande F-35A – soulève des questions quant à la rationalisation des moyens et à la coopération en matière de défense. La recherche de solutions alternatives, qui inclut notamment une collaboration accrue avec des partenaires européens, s’inscrit dans une démarche visant à préserver l’autonomie stratégique tout en restant attaché aux liens historiques avec les États-Unis.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité