Le 7 avril 1994 marquait le commencement d’une tragédie humaine sans précédent au Rwanda. Pendant une centaine de jours, les massacres systématiques ont entraîné la mort de près d’un million de personnes, majoritairement d’ethnie tutsi. Cette période noire de l’histoire africaine est aujourd’hui commémorée annuellement, à travers cent jours de recueillement pour la population rwandaise. Cette date a été officiellement désignée par l’ONU comme journée mondiale dédiée à la réflexion sur ces événements traumatiques. Suite au rapport historique dirigé par Vincent Duclert, qui a mis en lumière l’implication française, cette commémoration revêt aussi une dimension particulière en France.
Polémique autour d’une date symbolique
Les autorités diplomatiques rwandaises ont vivement réagi contre l’organisation d’un événement musical caritatif prévu précisément le 7 avril 2025 à l’Accor Arena parisienne. Ce spectacle baptisé « Solidarité Congo » a pour objectif affiché de soutenir les jeunes victimes des conflits qui ravagent actuellement l’est congolais. La représentation rwandaise en France a formellement contacté les instances parisiennes et le ministère des Affaires étrangères pour exprimer sa consternation et réclamer un changement de date.
Les associations représentant les survivants et familles des victimes ne contestent nullement la légitimité d’une action humanitaire en faveur des populations congolaises en détresse, mais s’interrogent sur les motivations profondes du choix d’un jour si douloureux pour leur communauté.
Des artistes aux positions controversées
L’affiche du spectacle, orchestré par le producteur AEG Presents au bénéfice de l’Unicef, réunit plusieurs noms connus de la scène musicale. Parmi eux, Angélique Kidjo, le rappeur Youssoupha et l’artiste franco-congolais Gims, pour ne citer que ceux-là. Ce dernier s’est particulièrement distingué par diverses prises de position considérées comme hostiles envers le Rwanda, tant à travers ses compositions musicales que lors d’apparitions télévisées où il a directement mis en cause la responsabilité rwandaise dans les violences à l’est du Congo.
La présence de ces interprètes, spécialement celle de Gims récemment honoré aux Victoires de la musique, cristallise le mécontentement rwandais. L’ambassadeur a souligné que certains artistes programmés avaient précédemment exprimé des opinions offensantes envers la communauté tutsi, renforçant ainsi le caractère provocateur perçu dans l’organisation de cet événement.
Cette controverse musicale s’enracine dans un contexte régional particulièrement tendu. Les relations entre le Rwanda et la RDC se sont considérablement dégradées depuis la réactivation du groupe armé M23, accusé par des responsables onusiens de bénéficier du soutien militaire rwandais. Ce mouvement a progressivement pris le contrôle de zones stratégiques à la frontière rwando-congolaise, notamment les villes importantes de Goma et Bukavu. Cette situation géopolitique explosive constitue la toile de fond d’une polémique qui dépasse largement le cadre d’un simple concert de bienfaisance.
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