Maghreb: l’aide française pour l’éducation interdite dans ce pays

Ph d'illustration : Pixabay

Depuis l’époque coloniale, la France a exercé une influence considérable sur les systèmes éducatifs des pays du Maghreb. Cette emprise linguistique et culturelle s’est manifestée par l’imposition du français comme langue d’enseignement et l’exportation de programmes scolaires calqués sur le modèle métropolitain. Après les indépendances, cette domination a perduré sous forme de coopération éducative, maintenant une présence française dans la formation des élites locales et perpétuant des liens de dépendance intellectuelle. Les écoles françaises, l’attribution de bourses et le financement d’institutions culturelles ont constitué les leviers principaux de cette influence post-coloniale que certains pays cherchent désormais à limiter.

L’Algérie rompt avec l’aide éducative française

Les autorités algériennes ont franchi une nouvelle étape dans leur politique de distanciation éducative en interdisant formellement, mercredi 20 mars, toute aide française destinée aux écoles privées sur leur territoire. Cette décision radicale bouleverse les mécanismes de coopération bilatérale établis depuis des décennies. Elle touche directement les fonds qui, selon les chiffres publiés en février par l’ambassade de France en Algérie, représentaient une part substantielle de l’aide publique au développement accordée en 2022.

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Une stratégie progressive de réappropriation éducative nationale

Cette interdiction n’est pas une mesure isolée mais l’aboutissement d’une série d’actions entreprises par Alger pour réduire l’influence française dans son paysage éducatif. En octobre 2023, l’Algérie avait déjà prohibé aux établissements privés de suivre le programme français ou de préparer au baccalauréat français, les contraignant à adopter exclusivement le curriculum national défini par le ministère de l’Éducation algérien.

Cette politique linguistique s’accompagne d’une diversification des langues étrangères enseignées. Depuis 2022, l’anglais a fait son entrée dans les écoles primaires algériennes, rompant avec la tradition qui faisait du français la seule langue étrangère enseignée à ce niveau. Cette introduction marque une volonté claire d’équilibrer les influences culturelles et d’ouvrir le pays à d’autres horizons linguistiques, signalant un tournant dans la politique éducative nationale.

Perspectives d’évolution des relations éducatives franco-algériennes

La tendance à l’émancipation éducative observée en Algérie pourrait s’étendre à d’autres nations du Maghreb, comme le Maroc et la Tunisie, qui maintiennent encore des liens étroits avec le système éducatif français. Cette distanciation progressive s’inscrit dans un mouvement plus large de diversification des partenariats internationaux, où les pays anglo-saxons et asiatiques gagnent en influence. Les prochaines années pourraient voir émerger un nouveau modèle de coopération éducative entre la France et l’Algérie, davantage fondé sur l’égalité et le respect mutuel que sur les vestiges de la relation coloniale. Pour l’Algérie, le défi consistera à renforcer son système éducatif national tout en s’ouvrant à de multiples influences internationales, sans créer de nouvelles dépendances.

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