Historiquement, le Maghreb a maintenu des taux de criminalité relativement modérés comparés à d’autres régions du monde. Les statistiques des deux dernières décennies montraient que les pays maghrébins (Tunisie, Algérie, Maroc, Libye et Mauritanie) affichaient des indices de sécurité supérieurs à ceux de nombreuses nations occidentales. Toutefois, depuis le milieu des années 2010, une transformation préoccupante s’opère, particulièrement en Tunisie où les données récentes témoignent d’une hausse notable des homicides et autres actes violents, phénomène qui suscite l’inquiétude des autorités et experts en sciences sociales.
Une progression alarmante des homicides en Tunisie
Les chiffres parlent d’eux-mêmes et traduisent une réalité troublante. D’après les analyses présentées par Senim Ben Abdallah, spécialiste en sociologie, la Tunisie connaît une multiplication par plus de deux du taux d’homicides volontaires. Les données comparatives révèlent que ce taux atteignait 4,69 meurtres pour 100 000 habitants en 2020, alors qu’il n’était que de 1,92 en 2004.
Cette escalade de la violence létale questionne profondément les transformations sociales à l’œuvre dans le pays. La problématique dépasse désormais les frontières des quartiers traditionnellement considérés comme sensibles et touche l’ensemble du territoire tunisien, traversant toutes les catégories socio-économiques.
Violence éducative: miroir d’un malaise sociétal profond
Un autre indicateur particulièrement révélateur de cette tendance concerne le milieu scolaire. L’Observatoire national de l’éducation a documenté une augmentation de 19% des actes violents dans les établissements éducatifs entre 2023 et 2024.
Cette montée des agressions en milieu scolaire trouve partiellement son explication dans la dégradation des conditions de travail au sein des institutions éducatives, comme le souligne Ben Abdallah. Les tensions qui traversent les écoles reflètent celles qui agitent la société dans son ensemble.
Face à cette situation, les experts préconisent une approche globale et déterminée. Le chercheur en sociologie estime qu’un engagement politique fort demeure indispensable pour endiguer ce phénomène. Il suggère notamment de s’inspirer des modèles scandinaves, qui ont réussi à bâtir des sociétés où la culture de la non-violence prévaut.
La lutte contre cette montée des actes violents représente aujourd’hui un défi majeur pour les autorités maghrébines, particulièrement tunisiennes, qui doivent élaborer des stratégies efficaces pour préserver la cohésion sociale et garantir la sécurité des citoyens.
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