Automobile au Maghreb : un groupe européen affiche ses ambitions

Photo de CHUTTERSNAP sur Unsplash

Fondé en 1944 à Minsk, le constructeur biélorusse Minsky Avtomobilny Zavod (MAZ) s’est spécialisé dès ses débuts dans la fabrication de poids lourds, autobus et véhicules militaires. Héritier direct de l’industrie soviétique, MAZ s’est progressivement positionné comme un acteur central dans l’assemblage de véhicules utilitaires destinés principalement aux marchés d’Europe de l’Est et d’Asie centrale. Malgré un rayonnement limité hors de cette sphère, la marque a maintenu sa production grâce à son statut d’entreprise publique et à des commandes régulières des gouvernements locaux. L’implantation de sites d’assemblage à l’étranger, bien que peu fréquente, a déjà été envisagée pour pallier les difficultés logistiques liées à l’exportation de véhicules finis. C’est dans ce cadre que le groupe semble aujourd’hui vouloir miser sur le Maghreb pour s’ouvrir de nouvelles perspectives industrielles.

Un projet industriel en cours de négociation

La volonté de MAZ de s’implanter en Algérie ne relève plus de la simple intention. Lors de la première session de la Commission mixte algéro-biélorusse, organisée à Minsk le 17 avril, plusieurs projets ont été évoqués entre les deux délégations. Le constructeur a affiché son intérêt pour la création d’une usine d’assemblage sur le territoire algérien. Cette proposition a été formulée à l’occasion de discussions tenues en marge de la réunion préparatoire, en présence du ministre algérien de l’Agriculture, Youcef Cherfa, en visite de travail en Biélorussie.

Publicité

Le vice-premier ministre biélorusse, Louri Chouleiko, a confirmé que des échanges ont eu lieu concernant le montage de véhicules MAZ sur place, mais également sur la relance d’anciennes gammes de machines agricoles telles que les tracteurs MTZ ou les chargeurs BeAZ. Le ministre du Commerce, Arthur Karpovich, a appuyé l’idée que ces projets industriels pourraient s’accompagner d’investissements bilatéraux plus larges dans le secteur de la production mécanique. Même si les volumes initiaux évoqués ne sont pas particulièrement élevés, les responsables biélorusses estiment que la marge de progression est significative, notamment en s’appuyant sur les besoins du marché local et régional en véhicules utilitaires.

L’Algérie, nouveau terrain stratégique pour les industriels

L’intérêt croissant des groupes étrangers pour l’industrie automobile algérienne illustre un changement de stratégie nationale. L’Algérie cherche depuis plusieurs années à réduire sa dépendance aux importations de véhicules en encourageant la fabrication locale. Après avoir attiré plusieurs constructeurs asiatiques et européens, le pays devient aujourd’hui une cible pour des entreprises issues d’économies d’État comme la Biélorussie. En s’alliant à MAZ, les autorités algériennes visent à diversifier leurs partenariats et à dynamiser des secteurs industriels encore peu structurés, comme la fabrication de machines agricoles ou de véhicules lourds.

Le projet biélorusse pourrait aussi répondre à des besoins logistiques internes, en facilitant la circulation de marchandises dans un pays vaste et aux infrastructures routières inégalement développées. Par ailleurs, une éventuelle production locale offrirait à MAZ un point d’entrée vers d’autres marchés africains, en particulier ceux d’Afrique de l’Ouest ou du Sahel, où la demande en équipements de transport robustes reste importante.

L’initiative intervient également dans un contexte de recomposition des partenariats commerciaux de l’Algérie, notamment vers des pays non occidentaux. La mise en place d’une usine MAZ, si elle se concrétise, marquerait un tournant stratégique pour le constructeur comme pour Alger, chacun y voyant une opportunité de repositionnement industriel et géopolitique.

Publicité

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité