Lors de la campagne présidentielle de 2024, Elon Musk avait émergé comme l’un des soutiens les plus inattendus mais aussi les plus influents de Donald Trump. Grâce à sa popularité dans les milieux technologiques et libertariens, le patron de Tesla et SpaceX a contribué à amplifier les messages du candidat républicain, notamment en matière de dérégulation et de réindustrialisation. Ce rapprochement avait été officialisé par la création d’un poste taillé sur mesure pour lui : un « ministère de l’efficacité gouvernementale », dont la mission consistait à rationaliser la machine fédérale, en coupant les dépenses superflues et en allégeant les lourdeurs administratives. L’image d’un Musk réformateur, proche de la Maison-Blanche, a renforcé la posture d’un Trump voulant bousculer l’ordre établi.
Un briefing classé secret qui ravive les suspicions
Malgré cette proximité, les récentes révélations autour d’une réunion au Pentagone ont semé le doute sur l’état réel de cette alliance. Le 21 mars, Elon Musk aurait dû participer à une séance confidentielle sur la posture militaire des États-Unis vis-à-vis de la Chine. Toutefois, il en a été exclu à la demande expresse du président Trump, selon plusieurs sources citées par Axios. Cette décision tiendrait à ses liens commerciaux étroits avec Pékin, qui poseraient des problèmes de sécurité nationale. Tesla, qui bénéficie en Chine de conditions fiscales avantageuses et de facilités administratives rares pour une entreprise étrangère, est au cœur de ces préoccupations. Pour certains conseillers, faire participer Musk à une réunion militaire sur un pays avec lequel il entretient des relations économiques stratégiques franchissait une ligne à ne pas dépasser.
Une relation qui se fragilise dans les coulisses du pouvoir
Si aucune rupture formelle n’a été annoncée, plusieurs signes indiquent un éloignement progressif entre les deux figures. Des fuites relayées par Politico et confirmées par Reuters évoquent un retrait d’Elon Musk des cercles décisionnels de l’administration. Le patron de SpaceX conserverait ses fonctions à la tête de ses entreprises, mais son influence politique directe pourrait se réduire à court terme. En interne, certains proches du président nuancent toutefois ce refroidissement. Musk resterait, selon eux, apprécié pour sa capacité à impulser des idées nouvelles, mais son positionnement international — notamment en Asie — serait devenu source de malaise. L’affaire du Pentagone n’aurait été que l’élément déclencheur d’une réévaluation plus large de son rôle.
Un équilibre difficile entre innovation et loyauté nationale
La situation illustre les dilemmes auxquels se heurtent les grandes figures de la tech lorsqu’elles interagissent avec les sphères du pouvoir. Entre impératifs économiques globaux et exigences sécuritaires nationales, le fil est souvent ténu. Elon Musk incarne à lui seul cette tension : acteur clé du spatial américain avec SpaceX, il reste aussi un industriel dont les intérêts dépassent largement les frontières américaines. Sa mise à l’écart d’une réunion stratégique ne signe pas forcément la fin de sa collaboration avec Washington, mais elle révèle une méfiance croissante au sein du gouvernement quant à la compatibilité entre affaires internationales et accès à des informations sensibles. À mesure que les rivalités entre grandes puissances s’intensifient, cette frontière risque de se rigidifier davantage.
Laisser un commentaire