Depuis sa nomination au sein d’un groupe de conseillers technologiques rassemblés par Donald Trump, Elon Musk suscite autant d’admiration que de rejet. Ses prises de position clivantes et sa proximité avec le président américain actuel ont accentué les critiques à son encontre. Parallèlement, Tesla, l’un de ses projets les plus emblématiques, a été la cible de dégradations répétées ces derniers mois. En France comme aux États-Unis, des véhicules de la marque ont été incendiés, parfois en pleine rue, illustrant une montée des actes de vandalisme. Dans certaines villes européennes, des mouvements de boycott se sont multipliés, tandis que les concessionnaires Tesla ont vu leurs façades taguées ou endommagées. Ce climat délétère se double aujourd’hui d’une plainte collective déposée contre l’entreprise aux États-Unis, venant ajouter une pression judiciaire à une image déjà écornée.
Des compteurs qui gonflent, des garanties qui fondent
La procédure engagée en Californie accuse Tesla de manipuler les compteurs kilométriques de certains véhicules électriques. Selon les plaignants, dont Nyree Hinton, cela aurait pour effet d’accélérer artificiellement l’expiration des garanties. Le système utilisé par Tesla ne se limiterait pas à enregistrer les kilomètres effectivement parcourus, mais intégrerait des algorithmes complexes mêlant consommation énergétique et habitudes de conduite pour calculer une distance théorique. Résultat : des utilisateurs découvriraient, comme Hinton, que leur voiture affiche un kilométrage quotidien bien supérieur à leur usage réel, entraînant une fin prématurée de la couverture constructeur. Dans son cas, cela l’a contraint à payer 10 000 dollars de sa poche pour une réparation, quelques semaines après que sa garantie ait pris fin.
Tesla dément les accusations, mais le recours collectif, soutenu par plusieurs clients, estime que ces pratiques permettent à la société de limiter ses dépenses de garantie tout en poussant à la vente d’extensions payantes. Un mécanisme qui, s’il est avéré, soulèverait des questions juridiques mais aussi éthiques sur la transparence de l’entreprise envers ses clients.
Tesla fragilisée dans une période de turbulences
Cette affaire surgit alors que la santé financière et l’image publique de Tesla sont déjà sous pression. Les incendies de véhicules, les critiques croissantes contre Elon Musk, et une baisse de confiance parmi certains investisseurs alourdissent le climat. Si les allégations sont confirmées, elles pourraient renforcer les accusations de pratiques déloyales qui reviennent régulièrement dans les contentieux contre le constructeur. Ce dossier pourrait aussi peser dans le débat sur l’encadrement des technologies embarquées dans les véhicules connectés, dont la complexité reste largement opaque pour la majorité des utilisateurs.
L’accumulation de tensions — politiques, sociales, judiciaires — autour de Musk et de ses entreprises dessine un contexte peu favorable. Loin de l’image d’un pionnier visionnaire célébré par la Silicon Valley, le patron de Tesla se retrouve aujourd’hui dans la position d’un industriel contesté, mis à l’épreuve à la fois par ses clients, les tribunaux, et une partie de l’opinion.
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