Exportations au Maghreb: ce pays a de grands objectifs

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Historiquement, l’économie algérienne a été dominée par les hydrocarbures qui représentent près de 95% des recettes d’exportation et environ 60% des revenus budgétaires de l’État. Cette dépendance excessive aux ressources fossiles a longtemps fragilisé le pays face aux fluctuations des cours mondiaux du pétrole et du gaz, exposant régulièrement l’économie nationale à des chocs externes. Face à cette vulnérabilité structurelle, l’Algérie s’engage aujourd’hui dans une transformation économique profonde, cherchant à diversifier ses sources de revenus et à développer des secteurs alternatifs capables de générer des devises et de créer des emplois durables.

Une ambition chiffrée pour l’économie post-pétrole

L’Algérie affiche désormais un objectif ambitieux: atteindre 30 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures d’ici 2030. Cette cible, établie par les autorités publiques avec l’appui du Conseil du Renouveau Économique Algérien (CREA), marque un tournant dans la stratégie économique du pays. Selon Abderraouf Bouhbila, membre du CREA qui s’est exprimé le 7 avril sur la Radio algérienne, cet objectif n’est plus une simple aspiration mais devient progressivement réalisable grâce aux transformations déjà engagées dans le tissu industriel national.

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L’industrie agroalimentaire comme fer de lance

La transformation des industries alimentaires constitue l’un des piliers majeurs de cette diversification économique. Le secteur a connu une expansion remarquable ces dernières années, avec plus de 30.000 entreprises industrielles actuellement actives dans la production alimentaire avec des dizaines et des dizaines de milliers d’emplois. Cette évolution significative positionne l’agroalimentaire comme un secteur stratégique pour l’économie algérienne.

Bouhbila a souligné l’importance croissante des industries alimentaires dans la production industrielle nationale. Le secteur bénéficie d’un soutien gouvernemental considérable, particulièrement dans le domaine des matières premières, ce qui a permis d’améliorer tant les volumes de production que la qualité des produits. Cette montée en gamme permet aujourd’hui aux produits alimentaires algériens de s’imposer progressivement sur des marchés exigeants comme l’Europe, les États-Unis et le Canada, démontrant leur compétitivité croissante à l’échelle internationale.

Une course régionale pour l’excellence agroalimentaire

Si l’Algérie affiche des ambitions légitimes dans le secteur agroalimentaire, elle devra composer avec la concurrence régionale, notamment celle du Maroc. Le royaume chérifien a construit au fil des décennies une position solide sur les marchés internationaux, particulièrement dans les produits agricoles frais et transformés. Grâce à une stratégie agricole cohérente (Plan Maroc Vert puis Génération Green), le Maroc a développé des filières d’exportation performantes dans les agrumes, les fruits rouges, l’huile d’olive et les produits maraîchers.

Pour rattraper ce retard, l’Algérie mise sur la valorisation de ses propres atouts : une superficie agricole considérable, des produits du terroir spécifiques et un marché intérieur important permettant d’atteindre des économies d’échelle. La bataille qui s’annonce entre les deux voisins pour conquérir des parts de marché à l’international pourrait bénéficier aux deux économies en stimulant l’innovation et la qualité des produits maghrébins. Toutefois, l’Algérie devra accélérer sa transformation technologique et logistique pour combler l’écart avec son voisin occidental qui jouit déjà d’infrastructures dédiées à l’exportation et d’accords commerciaux bien établis avec l’Union européenne et les marchés africains.

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