La guerre en Ukraine, déclenchée en février 2022, a profondément bouleversé les équilibres énergétiques mondiaux. La décision de plusieurs pays européens d’imposer des sanctions économiques à la Russie, principal fournisseur de gaz naturel de l’Union européenne, a ouvert la voie à de nouveaux partenariats stratégiques. Face à la chute drastique des livraisons russes, les États membres de l’UE ont dû se tourner vers d’autres sources pour sécuriser leur approvisionnement. L’Algérie, forte de ses importantes réserves, a émergé comme un acteur clé dans cette nouvelle configuration énergétique.
L’Algérie renforce sa position sur le marché européen
La réduction massive du gaz russe acheminé par l’Ukraine, combinée à la montée en puissance du gazoduc TurkStream, a créé un vide que plusieurs exportateurs ont tenté de combler. L’Algérie, grâce à ses infrastructures opérationnelles, a vu ses exportations de gaz vers l’Europe par gazoducs progresser de manière notable au cours du premier trimestre 2025. Selon les données du Forum des pays exportateurs de gaz, cette croissance atteint environ 13 % sur les trois premiers mois de l’année, comparée à la même période en 2024.
Ce dynamisme a permis à Alger de consolider son rôle de deuxième fournisseur de gaz par pipeline pour l’Union européenne, une position d’autant plus stratégique que la Norvège, premier fournisseur, reste également sollicitée. L’amélioration du rendement des infrastructures telles que Transmed et Medgaz a été décisive pour absorber cette hausse sans nécessiter de travaux lourds ou de nouveaux projets.
Une répartition des flux avantageuse
Les exportations supplémentaires de gaz algérien ont été principalement captées par deux pays du sud de l’Europe : l’Espagne et l’Italie. En Espagne, les volumes ont progressé d’environ 12 % début 2025, renforçant l’importance du gazoduc Medgaz dans les approvisionnements du pays. De son côté, l’Italie a vu ses livraisons croître d’environ 13 %, appuyée par le gazoduc Transmed, essentiel pour le marché italien.
Cette répartition n’est pas anodine : elle illustre la capacité des deux pays à ajuster rapidement leurs infrastructures pour répondre à l’évolution du contexte énergétique. Avec des réseaux déjà existants et optimisés, l’Espagne et l’Italie ont pu absorber les nouveaux flux sans difficulté majeure, contrairement à d’autres États européens plus dépendants du gaz naturel liquéfié.
Perspectives régionales et enjeux futurs
Le Maghreb, et particulièrement l’Algérie, bénéficie aujourd’hui d’une fenêtre d’opportunité pour asseoir une influence énergétique durable en Europe. À travers l’optimisation de ses capacités de transport existantes, Alger s’affirme comme une alternative fiable, dans une période où la stabilité énergétique est devenue un enjeu prioritaire pour les capitales européennes.
Cette évolution pourrait encourager de nouveaux investissements dans les infrastructures gazières du sud méditerranéen, notamment pour anticiper la demande saisonnière ou pour sécuriser davantage les flux. De leur côté, d’autres pays maghrébins, riches en ressources naturelles mais moins bien connectés, pourraient chercher à suivre cette dynamique en modernisant leurs réseaux ou en créant de nouvelles interconnexions avec l’Europe. À moyen terme, la réorganisation des routes du gaz pourrait ainsi redessiner durablement la carte énergétique du bassin méditerranéen.
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