Maghreb: 12 agents français expulsés, retour des tensions

Le président Tebboune (Ryad Kramdi, AFP)

Les autorités algériennes ont ordonné l’expulsion de douze agents de l’ambassade de France, selon une annonce faite ce lundi par Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères. Dans une déclaration écrite, le chef de la diplomatie française a exhorté l’Algérie à « renoncer à ces mesures d’expulsion sans lien avec la procédure judiciaire en cours« , tout en avertissant que Paris n’aurait « d’autre choix que d’y répondre immédiatement » si cette décision était maintenue.

Cette tension diplomatique fait suite à l’arrestation et la mise en examen en France de trois ressortissants algériens, dont un agent consulaire. Ces individus sont poursuivis pour des faits graves liés à l’enlèvement de l’influenceur Amir Boukhors, connu sous le nom d’Amir DZ, un opposant au régime algérien. Les autorités françaises ont souligné que « l’autorité judiciaire française agit en toute indépendance » et qu’elle est « seule compétente pour se prononcer » sur cette affaire en cours.

Publicité

Un contexte de relations bilatérales déjà tendues

Les relations entre Paris et Alger traversaient déjà une période difficile bien avant cet incident. Plusieurs contentieux ont récemment aggravé les tensions, notamment le soutien français au plan marocain d’autonomie pour le Sahara occidental, sujet extrêmement sensible pour l’Algérie. L’arrestation et la condamnation à cinq ans de prison de l’écrivain Boualem Sansal, soutenu par la France, ont également contribué à détériorer le climat diplomatique. Par ailleurs, le refus d’Alger de récupérer ses ressortissants faisant l’objet d’obligations de quitter le territoire français (OQTF) constitue un autre point de discorde majeur.

L’affaire Amir Boukhors a mis le feu aux poudres. Les trois hommes arrêtés en France, dont un employé consulaire algérien, ont été mis en examen pour « arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire suivie de libération avant le 7e jour, en relation avec une entreprise terroriste« . Face à ces accusations, le ministère algérien des Affaires étrangères a vivement réagi, qualifiant la situation de « développement inadmissible et inqualifiable » qui « causera un grand dommage aux relations algéro-françaises« .

Vers une nouvelle crise diplomatique majeure

Cette escalade pourrait marquer le début d’une crise diplomatique d’envergure entre deux pays liés par une histoire complexe. La menace de représailles « immédiates » évoquée par Paris suggère que la France n’hésitera pas à riposter si Alger persiste dans sa décision d’expulser les agents diplomatiques. Cette confrontation risque de compromettre durablement les efforts de rapprochement entrepris ces dernières années et d’affecter la coopération bilatérale dans de nombreux domaines, qu’ils soient économiques, culturels ou sécuritaires.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité