Maghreb: colère en Espagne face aux taxes sur certains produits

Les relations commerciales entre pays sont souvent façonnées par des intérêts économiques mutuels, mais aussi par des stratégies tarifaires parfois déséquilibrées. Loin d’être de simples échanges de marchandises, ces dynamiques reflètent les priorités politiques et les rapports de force entre États. Les droits de douane, en particulier, jouent un rôle crucial dans la régulation de ces flux. Lorsqu’ils sont perçus comme excessifs ou injustes, ils peuvent susciter tensions diplomatiques et revendications internes. C’est dans ce contexte que certaines voix s’élèvent aujourd’hui pour dénoncer un déséquilibre dans les échanges commerciaux entre le Maroc et l’Espagne.

Le parti espagnol Vox a récemment fait entendre sa voix sur ce sujet, attirant l’attention sur une situation qu’il qualifie d’anormale. Selon son porte-parole adjoint au Parlement andalou, Rodrigo Alonso, le Maroc imposerait des tarifs douaniers extrêmement élevés sur de nombreux produits agricoles andalous, alors que l’Espagne, de son côté, appliquerait une politique douanière beaucoup plus souple vis-à-vis des importations marocaines. Des chiffres avancés illustrent l’ampleur de cette disparité : 200 % de droits sur la viande caprine exportée vers le Maroc, contre 0 % sur celle en provenance du royaume chérifien ; 100 % sur la viande ovine andalouse, là encore sans réciprocité ; 81 % sur les produits laitiers, 40 % sur les huiles végétales, 32 % sur la semoule et 18 % sur les céréales.

Publicité

Cette asymétrie tarifaire, qui aurait perduré dans l’indifférence générale selon Vox, commence à susciter des réactions. Le parti accuse notamment le gouvernement central espagnol de Pedro Sánchez et les autorités régionales, comme celle de Juanma Moreno Bonilla en Andalousie, de passivité face à une situation qui porterait gravement atteinte au secteur primaire. Alonso fustige l’absence de mesures concrètes pour rééquilibrer ces échanges et déplore que des efforts diplomatiques soient engagés avec des pays tiers au détriment de la défense des intérêts agricoles locaux.

L’accusation prend une dimension plus large lorsqu’elle s’inscrit dans un discours sur la concurrence internationale. Le Maroc et la Chine sont pointés du doigt non seulement pour leurs politiques tarifaires, mais aussi pour leur modèle économique, accusé de favoriser une forme de concurrence déloyale fondée sur une main-d’œuvre peu coûteuse. Cette approche, selon Vox, contribuerait à la désindustrialisation progressive de régions comme l’Andalousie, déjà fragilisées par des réformes européennes telles que le Pacte vert.

Pour Vox, l’enjeu dépasse le simple cadre commercial. Il s’agit de défendre un modèle agricole et industriel national jugé menacé par des pratiques extérieures perçues comme agressives, voire étouffantes. Le parti affirme son soutien aux producteurs locaux, en opposition à ce qu’il considère comme une forme d’abandon par les institutions espagnoles. Une position qui révèle, au-delà de la dimension économique, un certain rapport à la souveraineté et à la protection des intérêts nationaux dans un monde globalisé.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité