Maghreb : les USA s’activent face à l’influence russe

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Dans le grand échiquier géopolitique africain, la Libye redevient un terrain d’affrontement silencieux entre grandes puissances, et les États-Unis semblent décidés à ne plus rester en retrait. Selon une note publiée par le Soufan Center, un think tank américain spécialisé dans la sécurité internationale, Washington intensifie ses contacts avec le maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est libyen, dans une tentative assumée de limiter l’ancrage russe dans la région. Une information également relayée par l’Agence Ecofin, qui souligne l’intérêt stratégique croissant que la Maison Blanche accorde à ce dossier.

Depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye s’est installée dans une instabilité institutionnelle durable, avec deux gouvernements rivaux. À l’ouest, à Tripoli, le Gouvernement d’Union Nationale reconnu par l’ONU tente tant bien que mal de maintenir une légitimité internationale. À l’est, à Benghazi, Khalifa Haftar contrôle un appareil militaire robuste à travers l’Armée nationale libyenne (ANL), appuyé par un parlement local et soutenu dans le passé par des puissances comme la Russie et les Émirats arabes unis.

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Le virage américain en direction d’Haftar n’est pas anodin. Longtemps marginalisé par Washington en raison de ses offensives militaires contre Tripoli, le maréchal semble aujourd’hui représenter un levier utile dans la compétition globale avec la Russie. Le Kremlin a, en effet, tissé des liens militaires étroits avec lui, notamment à travers la présence de mercenaires du groupe Wagner, actifs sur le sol libyen depuis plusieurs années.

Mais le contexte a changé, et les États-Unis voient désormais dans Haftar un interlocuteur à séduire plutôt qu’un homme à isoler, surtout à l’heure où Moscou tente d’élargir son influence sur plusieurs fronts africains. En jouant cette carte, Washington espère dissuader Haftar de se tourner davantage vers l’Est, et peut-être, à terme, faciliter une forme de stabilisation inclusive dans un pays crucial pour la sécurité du Maghreb et de la Méditerranée.

Rien n’indique pour l’heure une rupture franche entre le maréchal et ses partenaires historiques, mais le signal américain est clair : le statu quo n’est plus une option. Les États-Unis veulent se repositionner activement dans une Libye dont la situation politique reste confuse, mais où les alliances évoluent au gré des intérêts de court terme.

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