C’est une affaire aux allures de thriller politique, mais bien réelle, qui vient une nouvelle fois bousculer les relations déjà fragiles entre Paris et Alger. Près d’un an après la disparition aussi soudaine que troublante d’Amir Boukhors, alias Amir DZ, influenceur et farouche critique du régime algérien, la justice française vient de franchir une étape majeure dans ses investigations.
Trois hommes ont été mis en examen ce vendredi 11 avril à Paris, soupçonnés d’avoir joué un rôle actif dans l’enlèvement et la séquestration de celui que beaucoup considèrent comme la bête noire du pouvoir algérien sur les réseaux sociaux. Parmi les trois suspects, un profil retient particulièrement l’attention. Il s’agit d’un employé d’un consulat algérien en France. Ce détail, à lui seul, jette une ombre inquiétante sur le rôle potentiel de l’État algérien dans cette affaire.
Si les autorités françaises se gardent pour l’instant de pointer officiellement du doigt Alger, la présence d’un diplomate dans cette procédure judiciaire ne peut que tendre davantage les rapports bilatéraux. Cette mise en examen intervient dans un contexte où les relations franco-algériennes, souvent qualifiées de « passionnelles », oscillent entre coopération pragmatique et crispations mémorielles ou politiques. Avec cette affaire, un nouveau point de friction semble inévitable.
Âgé de 41 ans, Amir Boukhors s’est fait un nom bien au-delà des frontières algériennes. Réfugié politique en France depuis plusieurs années, il dénonce inlassablement, vidéos à l’appui, ce qu’il considère comme les dérives du régime algérien. Sa parole, suivie par plus d’un million d’abonnés sur TikTok, 241 000 sur X (ex-Twitter) et plus de 150 000 sur Instagram, s’est imposée comme un contre-pouvoir numérique.
Ses publications, souvent critiques et virales, visent directement des personnalités influentes de l’appareil d’État algérien. Son enlèvement, fin avril 2024, avait choqué autant qu’il avait suscité de vives spéculations. Comment un homme bénéficiant du statut de réfugié politique en France pouvait-il disparaître ainsi, sans laisser de traces ? Aujourd’hui, l’enquête semble confirmer la thèse d’un acte prémédité, orchestré depuis le territoire français et potentiellement instrumentalisé depuis l’étranger.
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