L’Algérie est déterminée à mener une lutte sans relâche contre la corruption. C’est ainsi que le pays a adopté une stratégie innovante pour récupérer les avoirs publics détournés, notamment ceux dissimulés à l’étranger. Un projet de loi présenté récemment à l’Assemblée populaire nationale propose des mécanismes concrets et pragmatiques, alliant efficacité judiciaire et incitations au remboursement.
L’objectif est ambitieux comme l’ont indiqué nos confrères d’ObservAlgerie. Il vise à restaurer la confiance dans les institutions, alléger les procédures judiciaires souvent complexes, et surtout, rapatrier les milliards égarés dans les circuits opaques de la corruption. Inspirée d’approches déjà testées ailleurs, cette nouvelle vision s’écarte d’un traitement strictement pénal des affaires économiques pour privilégier le recouvrement rapide et efficace des fonds.
Le cœur du dispositif repose sur une logique d’inflexion judiciaire conditionnelle. Les poursuites contre les personnes morales mises en cause dans des infractions économiques peuvent être suspendues, à condition que ces dernières restituent l’intégralité des sommes ou biens mal acquis. De plus, ils devront s’acquitter de leurs dettes auprès du Trésor public.
Cette démarche, jugée audacieuse mais nécessaire, se veut plus adaptée aux réalités du terrain. Elle répond à un double impératif : désengorger les tribunaux économiques et surtout, permettre à l’État de reconstituer rapidement ses ressources, dans un contexte où chaque dinar compte pour relancer l’investissement et financer les politiques sociales.
La perspective de récupérer des fonds logés à l’étranger constitue l’un des volets les plus sensibles et complexes de cette initiative. C’est pourquoi le projet prévoit des outils juridiques renforcés pour coopérer avec les juridictions et institutions internationales, dans le respect du droit mais avec une fermeté affirmée. Car il ne s’agit plus seulement de punir, mais de réparer.
Derrière cette réforme se dessine donc une volonté politique plus large. Celle d’un État qui tourne la page de l’impunité, qui remet l’éthique publique au centre de la gestion nationale et qui mobilise le droit comme levier de transformation économique.
La société civile, longtemps spectatrice des scandales financiers, observe ce virage avec espoir mais aussi prudence. Le succès de cette démarche dépendra largement de sa mise en œuvre concrète, de la transparence des processus de restitution et du respect des règles d’équité entre les différents acteurs économiques.
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