Le chef du gouvernement sénégalais, Ousmane Sonko, poursuit sa tournée diplomatique régionale. Après Kigali, Banjul et Nouakchott, c’est à Abidjan que le Premier ministre est attendu « d’ici au 15 avril », selon les informations du journal Enquête. Ce déplacement officiel en Côte d’Ivoire, quatrième du genre depuis son entrée en fonction, s’annonce aussi stratégique que sensible, sur fond de tensions latentes entre les deux capitales ouest-africaines.
Si la Côte d’Ivoire représente un partenaire économique de poids au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), cette visite de Sonko intervient à un moment où les relations entre Dakar et Abidjan semblent marquées par une certaine crispation. La diplomatie sénégalaise semble vouloir désamorcer ces frictions, dans une région où la stabilité politique et la coopération économique demeurent cruciales.
L’entourage du Premier ministre ne le cache pas : cette visite a pour ambition de « relancer le dialogue à haut niveau » avec la deuxième puissance économique de l’UEMOA, dans un esprit de clarification et de coopération. Depuis l’accession au pouvoir de Bassirou Diomaye Faye en mars dernier, le ton de la gouvernance sénégalaise s’est durci envers l’ancien régime. Les critiques explicites à l’encontre de Macky Sall, perçu comme un proche du président Alassane Ouattara, n’ont pas été sans conséquence.
À Abidjan, certains cercles proches du pouvoir auraient mal digéré cette posture jugée « clivante » et « peu diplomatique ». Un autre point de friction est apparu sur la scène continentale. La Côte d’Ivoire a récemment apporté son appui à la candidature du Mauritanien Sidi Ould Tah à la présidence de la Banque africaine de développement, écartant de facto le soutien au Sénégalais Amadou Hott, ancien ministre de l’Économie. Un geste perçu à Dakar comme un revers inattendu, voire une marque de désengagement.
Au-delà des considérations politiques, Dakar et Abidjan partagent de nombreux enjeux communs : sécurité transfrontalière, circulation des biens et des personnes, intégration régionale, et convergence économique. La visite de Sonko pourrait être l’occasion de replacer ces priorités au cœur de la relation bilatérale. À l’agenda : des rencontres avec le Premier ministre ivoirien Robert Beugré Mambé, mais également un possible tête-à-tête avec le président Ouattara, dans une tentative d’aplanir les différends personnels qui ont pu miner les canaux habituels de communication.
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