Longtemps perçu comme un projet ambitieux, le tunnel reliant le Maroc à l’Espagne sous le Détroit de Gibraltar revient régulièrement dans les discussions bilatérales entre les deux rives. Son objectif est de créer une liaison fixe, principalement ferroviaire, qui relierait l’Afrique à l’Europe. Si cette idée date de plusieurs décennies, elle connaît aujourd’hui un regain d’intérêt stratégique. En facilitant la mobilité des biens et des personnes entre les deux continents, ce projet pourrait devenir un levier structurant pour le développement économique et géopolitique régional. Il implique une série de défis techniques, environnementaux et politiques, mais bénéficie désormais d’un cadre de coopération institutionnelle mieux structuré entre Rabat et Madrid.
Lors d’une réunion à Madrid, le Maroc et l’Espagne ont franchi une nouvelle étape en signant deux conventions de coopération destinées à consolider leur partenariat autour des études de faisabilité du tunnel. Ces accords concernent spécifiquement la numérisation des documents et le volet ingénierie. Ils s’inscrivent dans la dynamique du programme d’échange déjà actif entre la Société nationale d’études du détroit de Gibraltar (SNED) du côté marocain, et la Société d’études pour la communication fixe à travers le Détroit de Gibraltar (SECEGSA) du côté espagnol. Les deux structures ont intensifié leurs échanges techniques à travers des discussions portant sur la gestion future des données et la conception technique du projet.
L’une des conventions nouvellement signées engage le Centre d’études et d’expérimentations espagnol CEDEX et le Laboratoire public d’essais et d’études du Maroc (LPEE). Elle couvre des aspects variés allant de l’ingénierie des sols à l’étude des tracés routiers, en passant par les considérations environnementales et ferroviaires. En parallèle, une autre convention met en relation deux grandes écoles d’ingénieurs : l’École technique supérieure des ingénieurs des routes de Madrid et l’École Hassania des travaux publics du Maroc. Elle vise à renforcer la coopération scientifique et académique, avec des volets portant sur les échanges d’élèves ingénieurs, les stages croisés et la recherche conjointe.
Cette série d’engagements s’appuie sur les recommandations émises lors du comité mixte hispano-marocain d’avril 2023, qui plaide pour une mobilisation plus large des réseaux scientifiques, universitaires et institutionnels des deux pays. L’ambition partagée est de constituer un écosystème intégré de compétences et de ressources au service d’un projet qui transcende les logiques purement techniques pour s’inscrire dans une vision de connectivité régionale à long terme.
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