GNL : ce pays arabe va abriter une nouvelle usine de TotalEnergie

PHOTO: REUTERS/Benoit Tessier/File Photo

Depuis quelques années, le gaz naturel liquéfié (GNL) gagne du terrain comme un pilier incontournable de la transition énergétique. En tant qu’alternative moins polluante au charbon et au pétrole, il alimente désormais aussi bien les foyers que les industries ou les transports maritimes. Son principal atout réside dans sa capacité à être stocké et transporté facilement sous forme liquide, permettant à de nombreux pays d’en sécuriser l’approvisionnement sans dépendre des réseaux de gazoducs. Avec la croissance de la demande mondiale pour des carburants plus propres et flexibles, le GNL devient un levier stratégique dans le rééquilibrage énergétique mondial, où chaque tonne évite plusieurs tonnes d’émissions de COâ‚‚. Des États du Golfe à l’Europe, des ports aux centres industriels, les investissements dans ce domaine se multiplient à grande échelle. C’est dans ce contexte que le Sultanat d’Oman se positionne à l’avant-garde avec l’ambitieux projet de TotalEnergies.

Oman, nouveau point névralgique du GNL propre

Le port de Sohar, niché au nord du Sultanat d’Oman, est sur le point d’accueillir l’un des projets les plus innovants dans le domaine du gaz naturel liquéfié : Marsa LNG. Porté par TotalEnergies et ses partenaires locaux, dont OQ Exploration & Production (OQEP), ce projet représente un investissement colossal de 1,6 milliard de dollars. Son objectif est double : produire un million de tonnes de GNL par an et proposer une solution de carburant maritime plus respectueuse de l’environnement. À terme, ce terminal servira de station-service géante pour les navires croisant dans les eaux du Golfe, l’une des zones de navigation les plus fréquentées au monde.

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Mais ce qui distingue réellement ce projet, c’est sa promesse d’une exploitation à 100 % alimentée par de l’électricité d’origine solaire. Un parc photovoltaïque d’une capacité de 300 mégawatts assurera l’approvisionnement énergétique du site, une première à cette échelle pour une infrastructure de liquéfaction de gaz. Cette orientation technologique permet de réduire drastiquement l’empreinte carbone de la production, en rupture avec les modèles traditionnels fortement consommateurs d’énergies fossiles. Le ministre de l’Énergie et des Minéraux d’Oman, Salim bin Nasser Al Aufi, voit dans cette réalisation une manière concrète de faire du pays un acteur fiable pour les carburants maritimes propres.

Un projet qui illustre les nouvelles ambitions énergétiques

Loin d’être une simple infrastructure industrielle, Marsa LNG symbolise un tournant stratégique pour Oman. Le pays, longtemps dépendant de ses ressources pétrolières, redéfinit aujourd’hui son rôle au sein du marché énergétique régional. En attirant un géant comme TotalEnergies, le Sultanat entend se transformer en plateforme énergétique agile et résiliente, capable de répondre aux nouvelles exigences écologiques du transport maritime. Ce secteur, souvent pointé du doigt pour ses lourdes émissions, cherche activement des solutions moins polluantes. Le GNL, bien que fossile, représente un compromis viable à court et moyen termes : il permet de diviser par deux les émissions de CO₂ par rapport au fuel lourd, tout en supprimant presque totalement les émissions de soufre.

La construction de cette usine, dont la mise en service est prévue pour le premier trimestre 2028, intervient alors que la pression internationale sur la décarbonation des transports s’intensifie. À l’échelle mondiale, plusieurs ports – de Rotterdam à Singapour – s’équipent déjà pour accueillir des navires propulsés au GNL. Oman veut saisir cette dynamique en devenant un relais incontournable entre l’Asie, l’Afrique et le Moyen-Orient. Marsa LNG ne vise donc pas uniquement une clientèle locale, mais s’inscrit dans un réseau commercial stratégique en pleine expansion, où l’accès à des carburants propres devient un avantage concurrentiel.

TotalEnergies, une offensive verte dans le Golfe

Pour le groupe français dirigé par Patrick Pouyanné, cette implantation à Sohar répond à une volonté affirmée de verdir son portefeuille énergétique tout en consolidant ses positions dans une région hautement concurrentielle. En participant à la première pierre du projet ce jeudi, le PDG a voulu marquer la dimension emblématique de cette future usine. Là où d’autres acteurs maintiennent des projets aux schémas énergétiques classiques, TotalEnergies fait le pari d’un GNL solaire, en associant deux filières énergétiques souvent cloisonnées. Une telle approche hybride pourrait préfigurer un nouveau modèle d’infrastructures énergétiques intégrées.

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La société tricolore n’en est pas à son coup d’essai dans le Golfe, mais ce projet revêt une importance particulière dans sa stratégie de neutralité carbone. Il illustre aussi sa capacité à nouer des alliances avec des partenaires étatiques tout en apportant un savoir-faire technologique pointu. Oman, de son côté, bénéficie d’un transfert d’expertise qui lui permettra de développer d’autres infrastructures énergétiques durables à l’avenir. À une époque où les majors pétrolières sont scrutées pour leur rôle dans le dérèglement climatique, cette initiative envoie un signal clair : il est possible de produire de l’énergie fossile avec un minimum d’impact environnemental, à condition d’y mettre les moyens.

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