USA: la Chine met à prix la tête d’agents secrets américains

Policier chine
Photo Goh Chai Hin - AFP

Les relations sino-américaines, marquées par des décennies de méfiance mutuelle, traversent actuellement une période particulièrement tumultueuse. Depuis la guerre commerciale initiée sous l’administration Trump en 2018, les tensions n’ont cessé de s’intensifier, touchant des domaines allant des technologies de pointe à la propriété intellectuelle. Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier 2025 a ravivé la guerre commerciale avec des tarifs douaniers monstres de part et d’autre. Ces frictions s’ajoutent aux contentieux historiques liés aux droits de l’homme, à Taïwan et à la présence militaire américaine en Asie-Pacifique. Les accusations réciproques d’espionnage constituent un autre point d’achoppement majeur, comme en témoignent les nombreuses affaires dévoilées ces dernières années impliquant tant des ressortissants chinois aux États-Unis que des citoyens américains en Chine.

Une chasse à l’homme internationale orchestrée par Pékin

Dans une démarche sans précédent, la Chine a lancé ce mardi 15 avril une véritable chasse à l’homme contre trois présumés agents de la NSA (Agence nationale de sécurité américaine). Selon un communiqué diffusé par la police de Harbin, ville du nord-est de la Chine, des récompenses financières seront versées à quiconque fournira des informations permettant la capture de Katheryn A. Wilson, Robert J. Snelling et Stephen W. Johnson. Ces trois individus sont accusés d’avoir orchestré des cyberattaques sophistiquées contre les systèmes informatiques des Jeux asiatiques d’hiver qui se sont déroulés à Harbin en février 2025.

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Cette initiative chinoise marque une escalade significative dans les méthodes employées par Pékin pour confronter Washington sur la scène internationale. En proposant des primes pour la capture d’agents américains nommément désignés, les autorités chinoises adoptent une tactique habituellement réservée aux criminels les plus recherchés ou aux terroristes. Cette manœuvre s’apparente à une forme de diplomatie publique agressive, visant à embarrasser les États-Unis tout en galvanisant le sentiment nationaliste au sein de la population chinoise.

Des accusations de cyberespionnage précises et détaillées

D’après l’agence de presse officielle Chine nouvelle, les agents américains auraient ciblé spécifiquement les « systèmes informatiques cruciaux » des Jeux asiatiques d’hiver. Les infrastructures visées comprenaient les bases de données d’inscriptions, les systèmes de gestion des arrivées et départs, ainsi que les plateformes d’enregistrement des compétitions. Ces systèmes renfermaient des « données sensibles sur les participants », suggérant que la NSA cherchait à « voler les informations privées des athlètes », selon les allégations chinoises.

Les autorités de Pékin avaient déjà signalé début avril avoir détecté plus de 270 000 cyberattaques d’origine étrangère contre les systèmes des Jeux. L’enquête menée depuis aurait permis d’identifier formellement ces trois agents américains comme étant les responsables. Le communiqué chinois élargit également le champ des accusations, affirmant que les agents de la NSA auraient également mené des opérations contre des entreprises chinoises, notamment le géant des télécommunications Huawei, société déjà sous sanctions américaines depuis 2019 pour des motifs de sécurité nationale.

Un nouveau front dans la guerre technologique sino-américaine

Cette affaire révèle la dimension cybernétique de plus en plus prégnante dans la rivalité entre les deux superpuissances. Si les États-Unis et la Chine s’accusent régulièrement d’espionnage, l’exposition publique d’agents présumés avec offre de récompense représente une montée en puissance dans cette guerre de l’ombre. Cette stratégie pourrait viser à contrebalancer les nombreuses accusations américaines d’espionnage industriel et de cyberattaques portées contre la Chine ces dernières années.

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La mention de Huawei dans le communiqué chinois n’est pas anodine. L’entreprise, fleuron technologique chinois, symbolise les enjeux de cette guerre technologique. Placée sur liste noire par Washington qui l’accuse de représenter une menace pour la sécurité nationale américaine, Huawei est devenue l’emblème des tensions commerciales et technologiques entre les deux pays. En associant les cyberattaques contre les Jeux asiatiques aux opérations présumées contre Huawei, Pékin tente d’établir un parallèle entre ses propres accusations et celles formulées par Washington.

Cette escalade survient dans un contexte particulièrement tendu, alors que Donald Trump, de retour à la présidence américaine, a lancé une guerre commerciale contre la Chine. Bien qu’aucun lien officiel n’ait été établi entre cette annonce et les nouvelles tensions commerciales, le timing de cette révélation apparaît comme un message clair adressé à l’administration Trump. Cette mise à prix des agents américains pourrait ainsi constituer un avertissement de Pékin quant à sa détermination à riposter face aux pressions américaines, inaugurant potentiellement une nouvelle ère de confrontation ouverte dans le domaine du renseignement et de la cybersécurité.

3 réponses

  1. Avatar de Moussa
    Moussa

    Ça mérite un film d’action cette guerre commerciale et d’espionnage de ses deux super grands de ce monde.

  2. Avatar de BLOB
    BLOB

    Le Dr. Katherine A. Wilson bosse pour la NASA. Pas la NSA
    Non ??

  3. Avatar de Wanted
    Wanted

    DEAD or ALIVE

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