USA : un Camerounais inculpé, il risque gros !

Photo : Sarah L. Voisin / The Washington Post

Depuis plusieurs années, les violences sécessionnistes dans les régions anglophones du Cameroun ont laissé des traces profondes. Les groupes armés, souvent regroupés sous la bannière de l’Ambazonie, ont cherché à imposer leur volonté par la force, alternant attaques contre l’armée nationale et actions ciblées contre la population civile. Ces tensions ont fait des milliers de victimes, engendrant des déplacements massifs et fragilisant durablement la cohésion nationale. Les autorités camerounaises se sont efforcées de contenir ces groupes, mais la situation est restée explosive, alimentée notamment par des soutiens extérieurs et des campagnes en ligne.

Accusations graves contre Eric Tano Tataw

Installé aux États-Unis, Eric Tano Tataw, 38 ans, est désormais au centre d’une affaire judiciaire lourde de conséquences. Selon le bureau du procureur du district du Maryland, il est accusé d’avoir apporté un soutien matériel aux groupes séparatistes armés connus sous le nom d’Amba Boys. L’enquête révèle qu’il aurait fourni argent, armes et personnel pour soutenir ces combattants. Les autorités américaines évoquent également l’utilisation de plateformes comme Facebook, YouTube et Twitter pour appeler à des attaques contre des civils et inciter à des actes de mutilation, d’enlèvement et de meurtre.

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Tataw n’aurait pas seulement encouragé ces violences à distance ; il aurait revendiqué la responsabilité de plusieurs exactions, consolidant ainsi son rôle dans la dynamique de terreur orchestrée contre la population camerounaise. La justice américaine précise que les ressources fournies comprenaient des armes à feu, des explosifs et des munitions destinés à intensifier les opérations de ces groupes sécessionnistes.

Une stratégie numérique au service de la terreur

Le rôle attribué à Tataw met en lumière un phénomène préoccupant : l’utilisation des réseaux sociaux pour soutenir des actions violentes au-delà des frontières nationales. Le Camerounais aurait diffusé des centaines de messages publics appelant explicitement à la violence, tout en collectant des fonds pour armer les Amba Boys. Ces contenus, largement relayés et vus par des dizaines de milliers d’internautes, auraient contribué à renforcer la capacité opérationnelle des séparatistes.

Cette stratégie numérique aurait permis d’orchestrer des campagnes de peur, visant non seulement les autorités camerounaises mais aussi les civils soupçonnés de collaborer avec le gouvernement. Un mode opératoire qui rappelle celui utilisé par d’autres mouvements insurrectionnels dans différentes parties du monde, où la propagande en ligne devient un levier central pour influencer, recruter et financer.

Des risques judiciaires importants

Face aux accusations retenues contre lui, Eric Tano Tataw risque une peine maximale de 15 ans de prison pour soutien matériel au terrorisme, ainsi que cinq ans supplémentaires pour chaque chef lié aux communications menaçantes. Le procureur Kelly O. Hayes a insisté sur l’ampleur des actes reprochés, soulignant que les faits ne sauraient rester impunis compte tenu des souffrances infligées aux victimes.

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Cette affaire illustre l’attention croissante portée par les autorités américaines aux activités extraterritoriales impliquant l’usage des technologies de communication à des fins criminelles. Elle souligne aussi, de manière plus spécifique, l’ampleur de la crise anglophone au Cameroun, où le conflit, loin de se limiter au terrain militaire local, trouve désormais des relais à l’international. Si la justice suit son cours, le dossier Tataw pourrait marquer un tournant dans la manière dont les soutiens aux mouvements séparatistes armés sont poursuivis au-delà des frontières africaines.

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