Fondée en 1993 sous l’impulsion des États africains, la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) est née de la volonté de réduire la dépendance du continent vis-à-vis des financements extérieurs et de renforcer les échanges entre pays africains. Cette institution, qui fonctionne à la fois comme une banque multilatérale et une plateforme de commerce intra-africain, finance des projets à fort potentiel économique, tout en mettant l’accent sur l’industrialisation et la valorisation des chaînes de valeur locales. Ses interventions s’étendent des infrastructures aux PME, avec une logique de partenariat public-privé visant à catalyser les investissements nationaux et étrangers.
La Tanzanie dans le viseur de nouveaux investissements
C’est dans cette optique que la Tanzanie s’apprête à bénéficier d’un appui financier conséquent. Afreximbank a annoncé la mobilisation d’un milliard de dollars au cours des douze prochains mois, à destination de plusieurs secteurs considérés comme moteurs de développement. L’industrie manufacturière, les soins de santé, les infrastructures portuaires et aéroportuaires, ainsi que les raffineries de pétrole figurent parmi les axes prioritaires. Le développement des petites et moyennes entreprises, souvent freinées par l’accès limité au crédit, sera également au cœur de cette initiative.
Cette annonce a été faite à Dar es Salaam lors d’un forum économique réunissant acteurs publics et privés, organisé en collaboration avec la Banque centrale tanzanienne. L’objectif de ce roadshow était de présenter des modèles de financement adaptés aux réalités locales tout en attirant des partenaires internationaux autour d’un projet de croissance intégrée.
Une stratégie multisectorielle pour une croissance durable
L’approche choisie par Afreximbank repose sur la complémentarité des investissements. En finançant à la fois les grandes infrastructures et les petites entreprises, la banque entend créer un tissu économique cohérent. Par exemple, les investissements dans les ports et aéroports visent à améliorer la logistique, essentielle pour les exportations manufacturières. Les raffineries permettront de réduire la dépendance aux importations de produits pétroliers, tandis que les soins de santé, souvent relégués au second plan, devraient bénéficier d’une modernisation attendue depuis longtemps.
En misant sur la Tanzanie, Afreximbank reconnaît la dynamique de ce pays d’Afrique de l’Est, dont la stabilité politique et les ambitions industrielles en font une destination attractive. Cette opération pourrait aussi servir de modèle pour d’autres États cherchant à combiner attractivité économique et inclusion. À travers cette initiative, la Tanzanie espère renforcer son positionnement comme pôle régional, en s’appuyant sur un socle productif plus robuste et mieux connecté aux marchés africains et mondiaux.
Entre volonté politique et mécanismes innovants
Ce programme ambitieux repose sur une collaboration étroite avec les autorités locales et les institutions financières du pays. Le rôle de la Banque centrale tanzanienne, partenaire de l’événement, laisse entrevoir une coordination entre politiques monétaires, besoins de financement et objectifs de développement. Le défi consistera à mettre en œuvre ces engagements rapidement et efficacement, dans un contexte où la concurrence pour les ressources financières reste forte.
En investissant dans des domaines où les retombées économiques sont directes et mesurables, Afreximbank entend non seulement soutenir la croissance tanzanienne, mais aussi renforcer sa propre légitimité comme acteur de premier plan dans le financement du développement africain. Ce milliard de dollars ne représente pas simplement un apport de capitaux, mais une tentative de reconfigurer les priorités économiques d’un pays en pleine transformation.
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