Alors que les fluctuations du marché international du pétrole rappellent régulièrement la vulnérabilité des économies dépendantes des exportations de brut, la transformation locale de cette ressource apparaît comme un levier stratégique. Le Nigeria, première puissance pétrolière du continent, a récemment modifié la donne en lançant la méga-raffinerie de Dangote, un projet estimé à plusieurs milliards de dollars, capable de traiter 650 000 barils par jour. En réduisant sa dépendance aux importations de carburant raffiné, Abuja entend non seulement stabiliser ses prix intérieurs, mais aussi renforcer son influence régionale. Cette orientation inspire d’autres pays du Maghreb, à commencer par l’Algérie, qui multiplie les initiatives pour renforcer ses propres capacités de transformation.
Croissance industrielle portée par la transformation du brut
Au cours de l’année écoulée, l’activité de transformation du pétrole brut s’est distinguée par une contribution notable à l’industrie énergétique du pays. Alors que certaines branches, comme celle du gaz liquéfié, ont reculé, les installations de raffinage ont enregistré une dynamique positive. L’indicateur annuel fait état d’un accroissement de l’activité avoisinant 5,5 %, bien supérieur aux performances de l’année précédente. Cette évolution a été marquée par des rythmes trimestriels variables, allant d’un léger progrès à des bonds plus marqués, révélateurs d’un secteur en redéploiement.
Le pays entend capitaliser sur cette tendance pour transformer une part plus importante de son brut sur son propre territoire. Une ambition chiffrée à 52 % de la production nationale à moyen terme. Pour y parvenir, les autorités misent sur l’entrée en service de nouveaux complexes industriels, parmi lesquels figure celui de Hassi Messaoud, dont la capacité annuelle est annoncée à 5 millions de tonnes. Ces projets devraient réduire la dépendance aux raffineries étrangères et générer des retombées économiques locales.
Valorisation énergétique et indépendance économique
Le choix d’orienter une partie plus significative de la production pétrolière vers le raffinage local ne répond pas uniquement à un impératif de rendement. Il s’agit également d’un moyen de consolider l’autonomie énergétique et de tirer davantage de bénéfices économiques des ressources existantes. En transformant le brut sur place, le pays s’assure une meilleure maîtrise des coûts et peut limiter les effets des variations internationales sur les produits finis.
Cette stratégie permet également d’amorcer des développements en aval, notamment dans les segments de la pétrochimie et des carburants destinés au marché intérieur. Elle offre un potentiel de création d’emplois industriels, de stimulation de l’investissement et d’amélioration de la balance commerciale. Par effet d’entraînement, cela pourrait renforcer d’autres secteurs en lien avec l’énergie, notamment les transports et la logistique.
Un positionnement énergétique en mutation
L’Algérie, en adoptant cette orientation, cherche aussi à redéfinir son rôle dans l’environnement énergétique régional. Face à la concurrence de nouveaux hubs de transformation sur le continent, elle tente de consolider son ancrage comme fournisseur de produits raffinés dans l’espace maghrébin et au-delà. Le développement de ses capacités pourrait lui permettre de répondre à une demande croissante en carburants dans plusieurs pays voisins, tout en assurant une plus grande résilience économique.
Alors que les grandes puissances s’engagent dans la transition énergétique, les producteurs comme l’Algérie adaptent leurs stratégies pour optimiser leurs ressources existantes. Le raffinage, longtemps relégué à un second plan, devient un maillon central d’un modèle industriel en recomposition, avec l’ambition de faire émerger de nouveaux équilibres économiques plus durables.



