Les compagnies aériennes opérant au Maghreb sont engagées dans une lutte de survie. Entre l’irrésistible montée des géants du Golfe, les ambitions régionales de Turkish Airlines et la stratégie agressive des low-cost européennes, les pavillons nationaux peinent à suivre le rythme. À cela s’ajoutent les exigences strictes imposées par les régulations européennes, notamment en matière de traitement des passagers. Dans ce contexte, un simple dysfonctionnement peut se transformer en affaire judiciaire coûteuse et médiatisée. La récente condamnation de Tunisair en France en est une illustration marquante.
Une condamnation liée à des perturbations en 2022
Selon le site d’information Kapitalis, le Tribunal de Proximité de Martigues a rendu, le 28 avril 2025, une décision en défaveur de la compagnie Tunisair. Treize passagers ont obtenu gain de cause après avoir été confrontés à des perturbations significatives sur leurs vols entre Marseille et Tunis durant l’année 2022. La compagnie a été condamnée à verser un total de 7 750 euros à ces voyageurs pour les désagréments subis.
Trois trajets sont au cœur de l’affaire : un vol perturbé en octobre, une annulation en juillet et un départ problématique au mois de mai. Tous opéraient entre Marseille et Tunis, sur une distance courte mais desservie régulièrement. Ces événements ont conduit les passagers à faire appel à un dispositif réglementaire mis en place par l’Union européenne, qui permet de réclamer une réparation financière pour les désagréments subis lors de départs depuis un aéroport situé sur le territoire communautaire. Ce mécanisme prévoit, selon les critères, des compensations pouvant atteindre plusieurs centaines d’euros par personne.
Une décision qui dépasse le simple cadre judiciaire
La portée symbolique de cette décision est autrement plus lourde. Elle rappelle à tous les transporteurs africains opérant en Europe qu’ils ne sont pas au-dessus des règles et que le respect des droits des passagers est une obligation, pas une option.
Pour Tunisair, déjà confrontée à des difficultés financières et à des critiques sur la régularité de ses vols, ce jugement est un coup dur. Il met en lumière des failles récurrentes dans sa gestion opérationnelle et soulève des questions sur sa capacité à maintenir une relation de confiance avec ses usagers.
Ce cas pourrait aussi faire jurisprudence et inciter d’autres passagers à engager des démarches similaires, renforçant ainsi la pression sur les compagnies qui négligent leur devoir d’information, de transparence et d’accompagnement. L’affaire montre que le moindre faux pas peut désormais avoir des conséquences juridiques tangibles, même plusieurs années après les faits.



