Début juin, des drones ukrainiens ont visé des bases aériennes militaires russes situées bien au-delà des zones de combat habituelles, frappant notamment à Belaïa, Olenia, Diaguilevo et Ivanovo. Cette opération, baptisée « Toile d’araignée », s’est distinguée par l’ampleur des dégâts : au moins treize avions, dont des Tu-95, Tu-22M3 et A-50, ont été mis hors service, selon des images satellites. Les drones, vraisemblablement dissimulés dans des camions à l’intérieur du territoire russe, ont pu atteindre leurs cibles sans être détectés, révélant des failles sérieuses dans la surveillance des infrastructures aériennes de Moscou. Cette initiative, fruit d’une planification qui aurait duré un an et demi, a mobilisé 117 drones, provoquant des pertes estimées à plusieurs milliards de dollars. En termes de capacités, cela représenterait un coup dur pour la flotte stratégique russe, amputée d’une part significative de ses moyens de frappe longue portée.
La Maison-Blanche prend ses distances
C’est dans ce climat de tension renforcée que Donald Trump, président des États-Unis, a tenu à clarifier la position de Washington face à cette offensive ukrainienne. Lors d’un échange téléphonique avec le président russe Vladimir Poutine, le chef de la Maison-Blanche a affirmé que son administration n’avait pas été mise au courant des intentions de Kiev. Le conseiller du Kremlin Iouri Ouchakov, qui a relayé les propos tenus lors de la conversation, a insisté sur le fait que Trump avait expressément souligné l’absence de coordination ou d’information préalable de la part de l’Ukraine vis-à-vis de son allié américain. Cette déclaration, inattendue dans sa franchise, vise manifestement à dissocier la stratégie militaire ukrainienne des intérêts directs des États-Unis, à un moment où la guerre s’étend bien au-delà de son théâtre initial.
Une neutralité calculée ou un repositionnement diplomatique ?
En s’abstenant d’endosser ou de critiquer l’opération ukrainienne, Trump semble adopter une posture de prudence, évitant d’aggraver les tensions avec la Russie tout en ne rompant pas ouvertement avec Kiev. Ce positionnement pourrait traduire une volonté de reconfigurer les relations bilatérales avec Moscou ou, plus simplement, de limiter l’exposition de Washington à une guerre dont les contours évoluent rapidement. L’éloignement géographique des cibles, couplé au silence de certains partenaires européens, laisse entrevoir un tournant : les acteurs occidentaux paraissent plus enclins à laisser Kiev opérer de manière autonome, quitte à réduire la lisibilité de leurs propres engagements. La Russie, de son côté, pourrait interpréter cette dissociation comme un signal de faiblesse ou de désintérêt stratégique, risquant de réajuster en conséquence ses choix militaires ou diplomatiques. Reste à savoir si cette manœuvre d’évitement politique aura des répercussions sur le soutien occidental à l’Ukraine dans les mois à venir.
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