Terre d’abondance agricole, la Côte d’Ivoire est aussi un pays aux ressources enfouies impressionnantes. Alors que ses champs fournissent cacao, café, anacarde et hévéa à des marchés internationaux toujours plus demandeurs, son sous-sol s’affirme depuis plusieurs années comme une autre grande promesse de prospérité. Les mines d’or en particulier gagnent du terrain dans l’économie nationale, renforçant un secteur minier longtemps resté discret mais devenu stratégique. Cette dynamique vient de franchir un cap inédit, avec une annonce qui pourrait marquer un tournant pour la région nord-est du pays.
Doropo : un gisement qui redéfinit la carte minière
Le 16 juin 2025, la société minière australienne Resolute Mining a dévoilé l’existence d’un important gisement aurifère dans la région de Doropo. Ce site renfermerait jusqu’à 100 tonnes de minerai, une réserve qui classe immédiatement cette découverte parmi les plus significatives jamais faites dans le pays. Cette révélation redessine les contours du potentiel minier ivoirien et ouvre une nouvelle étape dans l’exploration de territoires encore peu exploités.
L’entreprise étrangère prévoit d’injecter l’équivalent de 300 milliards de francs CFA pour développer ce site. Le chantier, dont le démarrage est prévu pour le début de l’année 2026, s’étalera sur deux années, avec une exploitation programmée sur plus de deux décennies. Une durée qui témoigne de la solidité des prévisions et de l’ambition portée par ce projet, aussi bien sur le plan industriel que territorial.
Emplois, investissements et enjeux à venir
Outre les revenus que ce projet générera pour l’État ivoirien, c’est toute une dynamique locale qui pourrait en être transformée. Des emplois seront créés, des infrastructures devront être développées, et des services annexes trouveront leur place dans l’économie de la zone. Dans une région jusqu’ici peu valorisée par les investissements, cette perspective ouvre la voie à une nouvelle répartition des ressources et des priorités.
Mais cette montée en puissance de l’or pose aussi la question de l’équilibre entre exploitation et protection. L’impact environnemental des projets miniers, la participation des populations locales aux retombées économiques, ou encore la transparence dans la gestion des ressources restent des défis majeurs. Le précédent d’autres pays d’Afrique de l’Ouest montre que la richesse d’un gisement ne garantit pas celle des habitants si des garde-fous institutionnels ne sont pas en place.
Avec Doropo, la Côte d’Ivoire confirme que son avenir ne repose pas uniquement sur ses plantations et ses ports. Le pays entre dans une phase où l’or peut peser lourd dans les orientations économiques, les rapports de force régionaux et les attentes sociales. Encore faut-il que cette richesse, tirée du plus profond de la terre, ne creuse pas davantage les inégalités à la surface.
