Sénégal : Des candidats au CFEE sans état civil admis exceptionnellement

Les 19 et 20 juin prochains, les élèves sénégalais passeront les épreuves du Certificat de Fin d’Études Élémentaires (CFEE) et du concours d’entrée en sixième. Cette année, une décision majeure été prise : tous les candidats dépourvus de pièces d’état civil pourront tout de même composer. Cette mesure, annoncée par le ministre de l’Éducation nationale, Moustapha Guirassy, répond à une urgence administrative et sociale. Dans plusieurs régions comme Tambacounda, Kaffrine, Kaolack et Diourbel, le nombre de candidats sans extrait de naissance se compte par milliers. À elle seule, la région de Tambacounda enregistre plus de 3 700 cas, pendant que Kaffrine et Diourbel comptabilisent respectivement 1 632 et 3 241 enfants concernés. Ce déficit documentaire, longtemps ignoré, se heurte aujourd’hui à l’exigence de garantir à chaque enfant le droit à l’éducation et à l’évaluation.

Un concours d’entrée remis en question

Au-delà de la problématique administrative, le ministre a également mis en lumière une autre faille du système éducatif : la pertinence de maintenir le concours d’entrée en sixième. Dans un pays où l’enseignement est obligatoire de 6 à 16 ans, le caractère sélectif de cette évaluation paraît de plus en plus inadapté. Moustapha Guirassy qualifie le système actuel d’élitiste, soulignant qu’il ne reflète ni l’égalité des chances ni les obligations constitutionnelles de l’État en matière d’éducation. Cette prise de position relance un débat ancien : faut-il continuer à filtrer les élèves à ce stade de leur parcours, alors même que l’accès au collège devrait être garanti à tous ?

Un effort coordonné pour éviter l’exclusion

Pour répondre aux défis soulevés, les autorités ont activé un plan d’action multisectoriel. Des audiences foraines sont organisées dans plusieurs régions, mobilisant les tribunaux, les collectivités locales et les services d’état civil. L’objectif : délivrer à temps des actes de naissance ou régulariser les situations administratives. Ce dispositif s’appuie également sur une plateforme numérique de suivi et de gestion des dossiers scolaires, facilitant l’identification rapide des élèves en situation irrégulière. Ce tournant montre une volonté de sortir d’un modèle scolaire fondé sur l’exclusion silencieuse pour tendre vers une école réellement inclusive.

À deux jours des examens, le ministère veut envoyer un message clair : aucun enfant ne sera écarté pour des raisons administratives. Cette nouvelle approche pourrait bien marquer le début d’un chantier plus profond de refondation du système éducatif sénégalais.

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