Le climat s’était déjà tendu fin mai à Dakar, lorsqu’une manifestation étudiante avait contraint l’ambassadeur d’Israël à écourter sa visite à l’université Cheikh Anta Diop. Ce 27 mai, les slogans pro-palestiniens scandés dans les amphithéâtres annonçaient, à leur manière, une dynamique plus affirmée de soutien au peuple palestinien. Deux semaines plus tard, le Sénégal confirme cette posture sur la scène internationale : le président Bassirou Diomaye Faye prendra la parole à la Conférence mondiale sur la Palestine à New York, un geste fort en pleine turbulence diplomatique.
Un choix assumé face à la pression américaine
Washington a pourtant exprimé ses réticences. Dans une note diplomatique envoyée aux États participants, les États-Unis ont clairement averti que toute action perçue comme une hostilité envers Israël – notamment l’appui à des sanctions ou la reconnaissance unilatérale d’un État palestinien – pourrait entraîner des conséquences diplomatiques. Cet avertissement, relayé le 11 juin par plusieurs agences, visait directement les pays du Sud global ayant manifesté un soutien actif à la cause palestinienne, dont le Sénégal fait figure de pilier.
La décision de Diomaye Faye de maintenir sa participation est donc tout sauf anodine. Elle traduit une volonté de peser dans un débat mondial où la majorité silencieuse des pays africains est souvent reléguée au second plan. En prenant la parole à New York, le chef de l’État sénégalais entend relayer une conviction partagée à travers le continent : celle que le droit international ne peut être modulé en fonction des équilibres géopolitiques.
Le rôle singulier du Sénégal dans le dossier palestinien
Depuis plusieurs années, le Sénégal occupe une place stratégique dans les arènes diplomatiques liées à la Palestine. À la tête du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, Dakar agit comme un relais actif de la voix des Nations unies sur ce dossier. Cette posture s’appuie sur une tradition diplomatique marquée par l’engagement en faveur de la souveraineté des peuples, mais aussi sur une opinion publique très sensible à la cause palestinienne.
Le déplacement du président à New York est donc l’aboutissement d’un alignement politique, institutionnel et sociétal. Si l’acte peut paraître risqué sur le plan diplomatique, il correspond à une attente forte à l’intérieur du pays, où les expressions de solidarité avec le peuple palestinien ne cessent de gagner en intensité, notamment chez les jeunes et dans les milieux religieux.



