Sénégal : La campagne agricole fragilisée par une grève de 24 heures

Alors que les premières pluies ont déjà irrigué plusieurs zones rurales du pays, le bon déroulement de la campagne agricole repose sur la distribution rapide et structurée des intrants. Or, ce vendredi 27 juin, les techniciens et travailleurs de l’agriculture, regroupés au sein du SYNTTAS, ont observé un arrêt de travail de 24 heures. Le mouvement fait suite à la suspension d’un de leurs représentants locaux à Médina Sabakh, un technicien accusé d’avoir dénoncé des irrégularités dans la distribution des intrants. Ses collègues, choqués par la mesure, estiment qu’il aurait dû recevoir des félicitations plutôt qu’une sanction.

Ce bras de fer survient à un moment critique. Le pays a récemment réceptionné un volume inédit de 33 000 tonnes d’urée, une livraison destinée à soutenir les cultures céréalières et horticoles. Mais tant que les commissions locales restent bloquées, ces stocks peinent à atteindre les producteurs. Dans certaines zones, les semis ont déjà commencé sans les engrais attendus, ce qui fait craindre une baisse des rendements pour la saison à venir.

Un enjeu de transparence dans la chaîne de distribution

Le litige dépasse le simple cadre syndical. À travers sa mobilisation, le SYNTTAS met en lumière une problématique ancienne : la question du contrôle rigoureux dans les mécanismes de distribution d’intrants. Des cas de fraudes sur les listes de bénéficiaires sont régulièrement dénoncés, mais rarement suivis de sanctions. Pour le syndicat, la sanction contre leur collègue reflète une volonté de faire taire les lanceurs d’alerte au lieu de corriger les dysfonctionnements internes.

En se retirant des commissions locales, les techniciens comptent alerter les autorités sur l’urgence de rétablir la rigueur et la transparence dans les opérations. Or, sans leur supervision, les risques d’erreurs ou de favoritisme dans l’attribution des engrais augmentent considérablement, ce qui compromet l’équité entre agriculteurs dans une période déjà marquée par des incertitudes climatiques.

Une réponse attendue du ministère

Pour l’heure, aucun signal d’apaisement n’est venu du ministère de tutelle. En l’absence d’une réaction rapide, les perturbations pourraient s’étendre à d’autres maillons logistiques et affecter l’ensemble de la campagne agricole. Les producteurs, de leur côté, redoutent une désorganisation du calendrier, alors que chaque jour de retard dans l’épandage des intrants peut affecter le cycle de croissance des cultures.

Dans ce contexte tendu, la grève du SYNTTAS résonne comme une alerte sur la nécessité de remettre de l’ordre dans la chaîne de distribution agricole. Elle pose aussi la question de la protection des agents techniques qui osent dénoncer les dérives. Si cette mobilisation n’obtient pas de réponses concrètes, elle pourrait déboucher sur un climat social instable dans le secteur, à un moment où la sécurité alimentaire dépend fortement de la bonne conduite de cette saison culturale.

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