Sénégal : Menace d'arrêt de la campagne de l'anacarde

Le secteur de la noix de cajou, déjà fragilisé par une insécurité persistante dans les zones de collecte, fait face à un nouveau choc : la douane a décidé de multiplier par huit la taxe appliquée sur la tonne d’anacarde, passant de 5 000 à 40 000 francs CFA. Une décision jugée brutale par les acteurs du secteur, qui déplorent une mesure prise sans concertation, en pleine période de campagne. Pour eux, cette hausse soudaine compromet la rentabilité des exploitations, alourdit les charges logistiques et menace l’ensemble de la chaîne, de la récolte à la transformation.

Entre insécurité et pression fiscale

Cette décision intervient dans un climat déjà tendu. En mai et juin 2025, plusieurs opérateurs ont été victimes d’agressions violentes dans le Sud du pays. Un incident marquant a vu un convoi de collecteurs attaqué et délesté de plus de 40 millions de francs CFA. Ces actes criminels ont accentué la pression sur un secteur rural vital pour des milliers de familles. À cette instabilité s’ajoute désormais une incertitude fiscale qui pourrait bien pousser les exploitants au désengagement. Une partie d’entre eux évoque déjà un gel pur et simple de la campagne si aucune issue n’est trouvée rapidement.

Dernière chance : une réunion cruciale

Face à la grogne, les autorités douanières ont accepté une rencontre prévue ce vendredi avec les représentants du secteur. Ce rendez-vous est perçu comme une dernière opportunité pour désamorcer la crise. À défaut d’un compromis, les professionnels annoncent qu’ils suspendront leurs activités, une décision qui pourrait avoir des répercussions économiques importantes dans les zones productrices, mais aussi sur les recettes nationales liées aux exportations.

La campagne 2025 de l’anacarde, présentée initialement comme prometteuse, se retrouve ainsi au bord de l’arrêt. Un paradoxe pour une filière qui, avec un accompagnement adapté, pourrait être l’un des moteurs de l’économie agricole sénégalaise.

Laisser un commentaire