La dernière étape de la visite officielle d’Ousmane Sonko en Chine s’est achevée par deux audiences de haut niveau qui auront sans doute valeur de symbole pour les années à venir. Le Premier ministre sénégalais, accueilli successivement par le chef du gouvernement chinois, Li Qiang, puis par le président Xi Jinping, a bouclé sa mission par une affirmation claire : le Sénégal veut repenser ses partenariats internationaux, sans renoncer à sa souveraineté ni à ses ambitions. La Chine, forte de son expérience dans le financement des infrastructures et du développement technologique, apparaît désormais comme un partenaire central dans la mise en œuvre de la Vision Sénégal 2050.
En amont de ces rencontres, le Premier ministre avait mené des discussions stratégiques avec les représentants de la CIDCA, d’Eximbank, de la Banque de développement de Chine et de la Banque industrielle et commerciale de Chine. Ces échanges, bien que techniques, ont posé les bases d’un futur alignement entre les besoins du Sénégal et les instruments de financement disponibles à Pékin. L’objectif ? Accéder à des ressources structurantes pour relancer les grands chantiers nationaux, tout en diversifiant les sources d’appui en dehors des bailleurs traditionnels.
Un éloge assumé de la coopération non intrusive
Dans un langage diplomatique mesuré, Ousmane Sonko a salué un modèle de coopération qui ne cherche pas à imposer des conditionnalités idéologiques ou institutionnelles. En vantant le respect mutuel comme socle de la relation sino-africaine, il a implicitement tracé une ligne de démarcation avec d’autres partenaires qui lient leur soutien à des réformes spécifiques. Ce positionnement ne relève pas d’un effet de communication : il s’inscrit dans une stratégie où l’État sénégalais souhaite garder la main sur ses orientations internes, tout en renforçant son ouverture sur l’Asie.
Cette posture a été particulièrement visible lors du passage du Premier ministre au Forum économique de Davos d’été à Tianjin. Devant un public composé de décideurs économiques et politiques asiatiques, Ousmane Sonko a exprimé l’intérêt du Sénégal pour les solutions chinoises dans les domaines des infrastructures, de l’énergie et des technologies numériques. Ces prises de parole ont montré une volonté d’apprentissage sélectif, nourrie d’exemples concrets et d’un pragmatisme revendiqué.
La Vision 2050 à l’épreuve des alliances
Avec cette rencontre au sommet, le Sénégal ne se contente plus de rechercher des appuis ponctuels. Il cherche à construire une architecture partenariale cohérente, capable de soutenir une planification à long terme. La Vision 2050, récemment dévoilée comme cadre directeur des politiques publiques, nécessite des investissements colossaux dans des secteurs clés. Pékin semble disposé à répondre à cet appel, à condition que les projets proposés soient économiquement viables et géopolitiquement neutres.
L’audience avec Xi Jinping ne marque donc pas la fin d’une visite protocolaire, mais plutôt le début d’un cycle diplomatique plus dense et orienté vers des résultats tangibles. La dynamique enclenchée pourrait ouvrir la voie à de nouveaux accords, notamment dans les domaines de la formation professionnelle, du transfert de technologie ou du cofinancement d’infrastructures. En somme, un pas de plus vers une relation redéfinie, équilibrée et tournée vers des intérêts communs.



