Le manque de logements au Sénégal est devenu une donnée aussi constante que préoccupante. Le pays enregistre un déficit compris entre 300 000 et 325 000 unités, et la demande croît chaque année d’environ 12 000 logements, en particulier dans la région de Dakar où les besoins sont les plus criants. Ce déséquilibre persistant entre l’offre et la demande alimente la flambée des loyers, accroît les inégalités d’accès au logement et génère une pression constante sur les ménages urbains, souvent contraints à des compromis en matière de confort ou de sécurité. C’est dans ce contexte tendu que le ministère de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des territoires a décidé de passer à l’offensive avec une initiative de grande ampleur.
Un investissement étranger direct pour un programme d’envergure
Le vendredi 28 juin, le ministre Moussa Bala Fofana a paraphé avec le consortium Génie Archi Consulting (Sénégal) et BNBM House (Chine) une convention d’investissement de 500 milliards de FCFA. L’accord prévoit la construction de 60 000 logements, étalée sur une période de 5 à 10 ans, reposant sur un modèle de location-vente. Il ne s’agit pas d’une commande publique classique, mais d’un montage fondé sur l’investissement direct étranger. Cette approche entend contourner les lenteurs administratives et accélérer la livraison des unités. Le choix de Génie Archi Consulting comme porteur du projet illustre une volonté d’impliquer des entreprises nationales capables de mobiliser des partenaires internationaux, tout en respectant les standards d’efficacité requis par l’ambition initiale du programme des 500 000 logements.
Vers une nouvelle dynamique du logement social
Cette convention intervient alors que le Programme National de Développement de l’Habitat Social peine à atteindre ses objectifs. Les chiffres des années précédentes révèlent un faible taux de réalisation malgré des annonces ambitieuses. Cette initiative sino-sénégalaise pourrait donc représenter un changement de paradigme dans la manière de concevoir l’investissement immobilier : sortir du tout-étatique, impliquer davantage le privé et offrir des formules d’acquisition plus accessibles pour les classes moyennes et les jeunes ménages.
La formule location-vente permet en effet à des foyers qui n’ont pas accès aux prêts bancaires classiques de devenir progressivement propriétaires, tout en évitant l’endettement immédiat. Si le projet se concrétise dans les délais, il pourrait devenir un levier concret pour absorber une partie du déficit structurel et stabiliser un marché tendu, tout en posant les bases d’une industrialisation plus soutenue du secteur du logement au Sénégal.



