L’Alliance des États du Sahel (AES) est née en septembre 2023, quand le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont choisi de forger un lien de solidarité face aux défis sécuritaires et politiques qu’ils traversaient. Cette union a vu le jour alors que les tensions avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) s’intensifiaient. En se regroupant, ces pays ont cherché à consolider leur coopération militaire et politique, s’engageant à se défendre mutuellement en cas d’agression, tout en affirmant leur volonté de tracer leur propre voie régionale. Cette dynamique récente vient désormais croiser l’intérêt des États-Unis, qui marquent un net rapprochement avec l’un des membres-clés de l’AES.
Un dialogue renoué entre le Mali et Washington
Après une période d’éloignement marqué, les relations entre les États-Unis et le Mali semblent connaître un regain d’attention. Le 9 juillet, Rudy Atallah, conseiller de Donald Trump pour la lutte contre le terrorisme, a rencontré le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop. Ce rendez-vous symbolise une ouverture nouvelle, où les deux pays évoquent un échange renouvelé et pragmatique autour des questions sécuritaires. Rudy Atallah a déclaré que les États-Unis disposent « d’équipements adéquats, de connaissances et de forces » pour aider le Mali à faire face aux menaces terroristes qui déstabilisent la région. Si le Mali manifeste la volonté de coopérer, les Américains sont prêts à mobiliser leurs moyens pour accompagner la lutte antiterroriste, bien que les modalités concrètes restent à définir.
Un tournant stratégique pour le Mali au sein de l’AES
Cette main tendue américaine intervient à un moment crucial pour le Mali, qui occupe une place centrale dans l’Alliance des États du Sahel. Alors que cette alliance, née d’un besoin d’autonomie régionale et d’une certaine méfiance envers les institutions ouest-africaines traditionnelles, cherche à asseoir son influence, le soutien potentiel de Washington pourrait modifier les équilibres. Le Mali, confronté à une insécurité grandissante, pourrait voir dans ce partenariat une opportunité de renforcer ses capacités opérationnelles, tout en conservant sa souveraineté politique.
Entre ambitions régionales et réalités sécuritaires
L’arrivée d’un acteur international aussi puissant que les États-Unis dans le paysage sahélien soulève des questions sur l’avenir de l’alliance et sur la nature exacte de cette coopération. Pour le Mali, il ne s’agit pas seulement d’obtenir des équipements ou des formations, mais de construire un partenariat qui équilibre l’autonomie régionale avec l’efficacité opérationnelle. Cette évolution pourrait aussi influencer la perception des autres membres de l’AES, ainsi que celle de leurs voisins et partenaires internationaux. En définitive, la volonté américaine de s’engager auprès du Mali témoigne d’une reconnaissance des enjeux sécuritaires locaux, tout en introduisant de nouveaux paramètres dans une région en pleine recomposition. Le défi sera désormais de traduire ces discussions en actions concrètes, sans compromettre les objectifs politiques et stratégiques que s’est fixés l’alliance.
Ainsi, la visite récente de Rudy Atallah à Bamako n’est pas un simple geste diplomatique, mais le prélude possible à un changement significatif dans les alliances et les réponses à la crise sécuritaire sahélienne. Le Mali, tout en consolidant ses liens au sein de l’AES, semble aussi chercher des relais extérieurs capables de renforcer sa position dans une région où la stabilité reste précaire. Le jeu d’équilibre entre autonomie régionale et coopération internationale s’annonce déterminant dans les mois à venir.



