Afrique : l'armée française quitte une base militaire très importante depuis 1960

Depuis son accession au pouvoir, le président Bassirou Diomaye Faye a exprimé une volonté claire de redéfinir les fondations de la présence étrangère dans son pays. Cette ambition, portée par une promesse de rupture avec les pratiques héritées des décennies précédentes, repose sur une quête assumée de souveraineté pleine et entière. En rompant avec une posture d’alignement systématique sur les puissances extérieures, son gouvernement entend recentrer les leviers de décision à Dakar. Ce repositionnement n’est pas qu’un simple geste politique : il s’ancre dans une relecture de l’histoire postcoloniale et dans une revalorisation des capacités nationales à assurer leurs propres missions stratégiques.

Rufisque : une base emblématique restituée

Le 1er juillet a marqué un tournant important avec le transfert officiel de la station d’émission interarmées de Rufisque, en banlieue de Dakar, aux autorités sénégalaises. Dans un communiqué publié par l’ambassade de France au Sénégal, il a été annoncé que cette base, active depuis 1960, avait été cédée au Sénégal. Cette station jouait un rôle crucial dans la transmission des communications militaires sur l’Atlantique sud, contribuant à l’ancrage technique de la présence française dans la région.

Discrète mais stratégique, la base de Rufisque représentait l’un des derniers points de soutien logistique et technologique français dans le pays. Sa restitution marque la fin d’une présence militaire ininterrompue de plus de soixante ans. Le communiqué diplomatique souligne la portée de cette décision, qui montre une réévaluation des partenariats militaires entre la France et plusieurs pays africains.

Retrait progressif et reconfiguration régionale

Ce départ s’ajoute à une série de retraits opérés ces dernières années par Paris sur le continent africain, à mesure que les dynamiques politiques locales évoluent. Au Sénégal, la pression populaire pour une reprise en main des outils de souveraineté a trouvé un écho au sommet de l’État, et les discussions avec les partenaires étrangers ont progressivement conduit à un rééquilibrage. Le retour de la base de Rufisque aux autorités sénégalaises incarne cette volonté de rompre avec le schéma traditionnel de coopération militaire dominée par les anciennes puissances coloniales.

Pour la France, ce désengagement est aussi le signe d’une adaptation à un environnement diplomatique en mutation, où les alliances se redéfinissent et où la légitimité de certaines présences historiques est de plus en plus contestée. La fermeture de cette station montre ce basculement et pourrait avoir un effet d’entraînement dans d’autres pays voisins, eux aussi engagés dans une démarche de réappropriation stratégique.

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