Afrique : un pèlerin se rend à la Mecque en vélo

Le pèlerinage à la Mecque représente pour les musulmans l’un des cinq piliers de l’islam, une obligation spirituelle que tout croyant doit accomplir au moins une fois dans sa vie s’il en a les moyens. Mais pour Mamadou Kadjaliou Barry, originaire de Conakry, ce voyage ne devait pas seulement être un devoir religieux : il devait aussi porter la marque de l’effort, de la patience et du dépassement de soi. À vélo, il s’est lancé dans une traversée inédite de l’Afrique de l’Ouest pour atteindre les lieux saints de l’islam, démontrant qu’une foi profonde peut déplacer bien plus que des montagnes.

De Conakry à la Mecque : un périple hors norme

Plutôt que de prendre un vol depuis son pays natal, Barry a choisi la voie lente, celle qui force à s’ouvrir au monde, à ses épreuves comme à ses bontés. En partant de la capitale guinéenne le 6 mai 2024, il a d’abord mis le cap sur Abidjan, puis poursuivi sa route à travers plusieurs pays : Ghana, Togo, Bénin…Chaque coup de pédale l’éloignait de chez lui mais le rapprochait de son objectif spirituel.

Dans les grandes agglomérations, il trouvait parfois un lit dans des hôtels. Mais ailleurs, c’était une autre réalité. Il avançait au rythme des vents, des reliefs, et des douanes. « Il fallait garder le cap, malgré la fatigue. » Son vélo a ainsi avalé environ 8 500 kilomètres de bitume, de terre et de poussière.

Au Nigeria, le voyage terrestre a marqué une pause : les tensions au Tchad et au Soudan rendaient le passage trop risqué. Prudent, Barry a opté pour un vol à destination du Caire. De là, il a pu reprendre sa route vers l’Arabie saoudite, bouclant son aventure le 3 février 2025.

Un témoignage d’endurance et de conviction

Ce n’est pas tant la distance parcourue que l’intention qui frappe : au moment où tout va vite, Mamadou Kadjaliou Barry a choisi la lenteur comme témoignage de ferveur. Sa bicyclette est devenue un symbole mobile de dévotion, un outil de résistance à la facilité moderne. Il ne s’agissait pas d’un exploit sportif ni d’un défi personnel : ce qu’il cherchait à accomplir, c’était un pèlerinage au sens le plus ancien du terme — un acte d’abandon, de persévérance et de rencontre avec soi.

Ce voyage rappelle d’autres figures du passé qui, à pied ou sur des montures modestes, ralliaient les lieux saints au prix de mois d’incertitudes. Mais à la différence des pèlerins d’autrefois, Barry a dû composer avec des frontières administratives, des contextes sécuritaires mouvants et les contraintes logistiques du monde actuel. Son parcours montre ainsi les tensions entre tradition et modernité dans les pratiques religieuses contemporaines.

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