Armement en Afrique du Nord: vers une mega-vente américaine

Les États-Unis pourraient prochainement conclure avec l’Égypte un contrat d’armement d’une valeur de près de 4,7 milliards de dollars, portant sur la livraison de systèmes de défense aérienne avancés. Ce projet marque une nouvelle étape dans le renforcement stratégique du partenariat entre Le Caire et Washington, dans un contexte régional sous tensions.

Une coopération militaire en pleine expansion

Selon la Defense Security Cooperation Agency (DSCA), cette proposition vise à doter l’Égypte de systèmes NASAMS, conçus pour intercepter un large éventail de menaces aériennes, des drones aux missiles de croisière. Le contrat inclurait plus de 900 missiles, parmi lesquels des AIM-120C-8 AMRAAM et des AIM-9X Sidewinder, ainsi que quatre radars AN/MPQ-64F1 Sentinel, éléments centraux du dispositif de détection et de poursuite.

Cette annonce s’inscrit dans une dynamique concrète des USA. En septembre 2024, Le Caire, comme le rappelle le site Zone Militaire avait déjà obtenu l’autorisation d’acquérir des missiles sol-air Stinger pour un montant de 740 millions de dollars. Peu après, un radar à longue portée AN/TPS-78 avait également été validé à hauteur de 304 millions de dollars. La proposition actuelle porterait donc à plus de 5,7 milliards de dollars les autorisations de vente d’équipements américains à l’Égypte en moins d’un an.

Des enjeux sécuritaires régionaux

Pour la DSCA, ces acquisitions visent avant tout à permettre à l’Égypte de « faire face aux menaces actuelles et futures » en renforçant sa capacité à détecter et neutraliser les menaces aériennes. Les responsables américains estiment qu’il s’agit également d’un levier pour soutenir la stabilité dans une région régulièrement secouée par des conflits armés, des tensions transfrontalières et des activités de groupes armés non étatiques.

L’Égypte, qualifiée par les États-Unis d’« allié majeur hors OTAN », occupe en effet une position stratégique au cœur du Moyen-Orient. Elle partage des frontières avec la bande de Gaza, Israël, le Soudan et la Libye, autant de zones marquées par des incertitudes sécuritaires. Cette réalité conforte Washington dans sa volonté de soutenir une montée en puissance capacitaire de son partenaire égyptien.

Une logique d’interdépendance militaire

Outre les enjeux de sécurité régionale, cette coopération militaire soutenue permet aussi à Washington de maintenir une influence opérationnelle dans une région où d’autres puissances — comme la Russie ou la Chine — cherchent à accroître leur empreinte. En renforçant l’interopérabilité des forces égyptiennes avec les standards de l’OTAN, les États-Unis consolident leur réseau d’alliés au sud de la Méditerranée.

Pour Le Caire, il s’agit d’un choix stratégique visant à moderniser ses systèmes de défense tout en diversifiant son arsenal. Si l’Égypte entretient également des liens militaires avec d’autres puissances, le volume des transactions avec les États-Unis en fait un pilier de sa politique d’armement à long terme.

Cette proposition devra désormais être examinée par le Congrès américain, étape incontournable pour toute vente d’armement d’une telle ampleur. Si elle est approuvée, elle renforcerait encore davantage le statut de l’Égypte comme partenaire sécuritaire de premier plan des États-Unis dans la région.

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