Automobile au Maghreb : ce pays veut booster son marché avec une décision politique

Au Maghreb, l’industrie automobile joue un rôle central dans les ambitions de développement. Le Maroc a su tirer parti de ses partenariats pour en faire un pilier de ses exportations. La Tunisie s’appuie sur ce secteur pour dynamiser son tissu industriel. L’Algérie, quant à elle, avance par à-coups. Malgré une forte demande locale et un intérêt croissant pour l’assemblage sur place, la mise en place d’une véritable stratégie nationale a toujours semblé laborieuse. Entre manque de visibilité réglementaire, dépendance aux importations et fluctuation des décisions, la progression du marché a souvent été freinée.

Un virage décidé au sommet de l’exécutif

Pour tenter de sortir de cette impasse, les autorités algériennes ont pris une initiative surprenante le lundi 7 juillet lors du conseil des ministres : retirer au ministère concerné la gestion des autorisations liées aux activités automobiles, pour les transférer directement au niveau de l’organe dirigeant du pays. Cette redéfinition de la chaîne de décision vise à réactiver un domaine en panne, marqué par des lenteurs administratives chroniques.

Confier cette mission au plus haut niveau traduit un désir de briser l’engrenage des attentes sans fin et des hésitations répétées. Jusqu’ici, ceux qui évoluent dans ce secteur étaient souvent suspendus à des réponses incertaines, retardant toute impulsion véritable. Ce choix cherche à redonner de la clarté et du rythme à un environnement qui en manquait cruellement.

Une tentative de reprise en main dans un paysage figé

Depuis plusieurs années, l’Algérie oscille entre volonté d’encourager une production locale et blocage des importations. Des mesures restrictives, souvent mal expliquées ou difficilement applicables, ont paralysé bon nombre de professionnels. Résultat : un vide sur le marché, une pénurie persistante de véhicules neufs, et une frustration croissante des opérateurs comme des consommateurs.

Avec cette mesure, le pouvoir central veut reprendre le dossier en main. Ce recentrage décisionnel rappelle que l’économie ne peut fonctionner efficacement si les orientations restent floues ou laissées à des services techniques débordés. C’est une manière de poser les bases d’une politique assumée, portée par le plus haut niveau de l’État, pour espérer débloquer un des leviers industriels majeurs du pays.

Redonner confiance et fixer un cap

L’impact de cette restructuration se jouera sur plusieurs plans : relancer la confiance des investisseurs, offrir un cadre plus lisible aux importateurs, et surtout, donner à la filière un interlocuteur clair. À l’heure où d’autres pays maghrébins avancent à grands pas vers une spécialisation exportatrice, Alger tente de sortir de sa paralysie décisionnelle.

Mais ce changement suffira-t-il ? Il faudra plus qu’un simple déplacement de responsabilités pour corriger des années de tergiversations. Des choix clairs, cohérents et durables devront suivre. Car dans un secteur aussi concurrentiel, la réactivité ne peut plus être sacrifiée sur l’autel de la complexité institutionnelle.

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